Sidoine au garage
Jean RODHAIN, « Le carnet de Sidoine : Sidoine au garage », Messages du Secours Catholique, n° 162, avril 1966, p. 2.
Sidoine au garage
J’avais deux garagistes. Le premier me fait des discours sur la tenue de route des autos. Au lieu de nettoyer mes bougies, il se lance dans des considérations fort intelligentes sur les autoroutes et la dévaluation des chemins vicinaux. Il n'a pas son pareil pour disserter sur la valeur respective des divers modèles de freins à disques.
Mon second garagiste, soigne exactement mon niveau d'huile et remplace mon joint de culasse avec une rapidité inégalée. Chez lui quand je reprends me voiture je suis certain que la révision a été accomplie jusqu’au dernier bouton. Par contre il est un peu bourru et peu porté sur les discours. Mais il travaille.
Evidement aujourd'hui je n'ai plus qu'un seul garagiste : j'ai choisi.
Un proverbe japonais déclare que lorsque les militaires se mettent à discuter de la guerre, c’est qu'ils ne font plus la guerre.
Si un archéologue trouvait à Corinthe un post-scriptum inédit de saint Paul, déclarant que « lorsque les chrétiens se mettent à discuter de la Charité, c'est qu'ils ne font plus la Charité », je serais prêt à travailler jour et nuit pour élever une statue à cet archéologue-là[1].
[1] Sidoine ignore les Ecritures. Il devrait savoir qu’il existe déjà un verset de saint Jacques à ce sujet. N.D.L.R.