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Nous sommes dans le temps de l’action

30 avril 2013
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Audience du 24 avril 2013 : François réfléchit sur le jugement final qui fait du temps présent, et particulièrement en période de crise, un temps de l’action.

Pape François, Audience générale,

Place Saint-Pierre, Mercredi 24 avril 2013

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans le Credo, nous confessons que Jésus « viendra de nouveau dans la gloire pour juger les vivants et les morts ». L’histoire humaine a commencé avec la création de l’homme et de la femme à l’image et à la ressemblance de Dieu et se termine avec le jugement final du Christ. Souvent, on oublie ces deux pôles de l’histoire, et surtout, la foi au retour du Christ dans le jugement final n’est pas toujours claire et solide dans le cœur des chrétiens. Jésus, durant sa vie publique, s’est souvent attardé sur la réalité de son ultime venue. Aujourd’hui, je voudrais réfléchir sur trois textes évangéliques qui nous aident à entrer dans ce mystère : celui des dix vierges, celui des talents et celui du jugement final. Tous les trois font partie du discours de Jésus sur la fin des temps, dans l’Évangile de saint Matthieu.

Avant tout rappelons que, avec l’Ascension, le Fils de Dieu a porté près du Père notre humanité qu’il a assumée et veut attirer tout à lui, appeler tout le monde à être accueilli dans les bras ouverts de Dieu, de sorte que, à la fin de l’histoire, l’humanité entière soit livrée au Père. Il y a, pourtant, ce "temps immédiat" entre la première venue du Christ et la dernière, qui est proprement le temps que nous sommes en train de vivre. C’est dans ce contexte du "temps immédiat" que se situe la parabole des dix vierges (cf. Mt 25, 1-13). On y parle de dix filles qui attendent l’arrivée de l’Époux, mais celui-ci tarde et elles s’endorment. À l’annonce impromptue que l’Époux arrive, toutes se préparent à l’accueillir, mais alors que cinq d’entre elles, sages, ont de l’huile pour alimenter leur lampe, les autres, sottes, restent avec leur lampe éteinte car elles n’en ont pas ; et alors qu’elles le cherchent, l’Époux arrive et les vierges sottes trouvent close la porte qui introduit à la fête nuptiale. Elles frappent avec insistance, mais désormais c’est trop tard, l’Époux répond : je ne vous connais pas. L’Époux est le Seigneur, et le temps d’attente de son arrivée est le temps qu’il nous donne, à nous tous, avec miséricorde et patience, avant sa venue finale ; c’est un temps de vigilance ; un temps dans lequel nous devons tenir allumées les lampes de la foi, de l’espérance et de la charité, dans lequel nous devons tenir notre cœur ouvert au bien, à la beauté et à la vérité ; un temps à vivre selon Dieu, car nous ne connaissons ni le jour, ni l’heure du retour du Christ. Ce qui est ici demandé est d’être préparés à la rencontre, - préparés à une belle rencontre, la rencontre avec Jésus -, ce qui veut dire : savoir voir les signes de sa présence, tenir vive notre foi, avec la prière, avec les sacrements, être vigilants pour ne pas nous endormir, pour ne pas oublier Dieu. La vie endormie des chrétiens est une vie triste, ce n’est pas une vie heureuse. Le chrétien doit être heureux, de la joie du Christ. Ne vous endormez pas !

La seconde parabole, celle des talents, nous fait réfléchir sur le rapport entre la manière dont nous utilisons les dons reçus de Dieu et son retour, dans lequel il nous demandera comment nous les avons utilisés (cf. Mt 25, 14-30). Nous connaissons bien la parabole : avant son départ, le patron confie à chacun de ses serviteurs quelques talents, afin qu’ils les utilisent bien durant son absence. Au premier il en confie cinq, au second deux et au troisième un. Durant son absence, les deux premiers multiplient leurs talents - ceux-ci sont une monnaie antique -, alors que le troisième préfère l’enterrer et le rendre intact à son patron. À son retour, le patron juge leur travail : il loue les deux premiers, tandis que le troisième est jeté dehors dans les ténèbres, car par crainte il a tenu son talent caché, se refermant en lui-même. Un chrétien qui se ferme en lui-même, qui cache tout ce que le Seigneur lui a donné est un chrétien… qui n’est pas chrétien ! C’est un chrétien qui ne remercie par Dieu pour tout ce qu’il lui a donné ! Ceci nous indique que l’attente du retour du Seigneur est le temps de l’action - nous sommes dans le temps de l’action -, le temps dans lequel faire fructifier les dons de Dieu non pour nous, mais pour Lui, pour l’Église, pour les autres, le temps dans lequel chercher toujours à faire croître le bien dans le monde. Et particulièrement en ce temps de crise, aujourd’hui, il importe de ne pas se fermer en nous-mêmes, enterrant notre talent, les richesses spirituelles, intellectuelles, matérielles, tout ce que le Seigneur nous a donné, mais nous ouvrir, être solidaire, être attentif à l’autre. Sur la place, j’ai vu qu’il y avait beaucoup de jeunes : c’est vrai ? Il y a beaucoup de jeunes ? Où êtes-vous ? À vous, qui êtes au début du chemin de la vie, je demande : avez-vous pensé aux talents que Dieu vous a donnés ? Avez-vous pensé à la manière dont vous pouvez les mettre au service des autres ? N’enterrez-pas vos talents ! Pariez sur de grands idéaux, ces idéaux qui élargissent le cœur, ces idéaux de service qui rendront féconds vos talents. La vie ne nous est pas donnée pour que nous la conservions jalousement pour nous-mêmes, mais elle nous est donnée pour que nous la donnions. Chers jeunes, ayez une grande âme ! N’ayez pas peur de rêver à de grandes choses !

Enfin, un mot sur le passage du jugement final, dans lequel est décrite la seconde venue du Seigneur, quand il jugera tous les êtres humaines, vivants et mors (cf. Mt 25, 31-46). L’image utilisée par l’évangéliste est celle du pasteur qui sépare les brebis des chèvres. À droite sont situés ceux qui ont agi selon la volonté de Dieu, en secourant le prochain affamé, assoiffé, étranger, nu, malade, en prison - j’ai dit "étranger" : je pense à tous ces étrangers qui sont ici dans le diocèse de Rome : que faisons-nous pour eux ? - alors qu’à gauche sont ceux qui n’ont pas secouru le prochain. Ceci nous indique que nous serons jugés par Dieu sur la charité, sur le comment nous aurons aimé nos frères, spécialement les plus faibles et dans le besoin. Certes, nous devons toujours tenir bien présent le fait que nous sommes justifiés, nous sommes sauvés par grâce, par un acte d’amour gratuit de Dieu qui toujours nous précède ; seuls nous ne pouvons rien faire. La foi est avant tout un don que nous avons reçu. Mais pour porter du fruit, la grâce de Dieu demande toujours notre ouverture à Lui, notre réponse libre et concrète. Christ vient nous porter la miséricorde de Dieu qui sauve. À nous, il est demandé de nous confier à lui, de correspondre au don de son amour avec une vie bonne, faite d’actions animées par la foi et l’amour.

Chers frères et sœurs, regarder le jugement final ne nous fait jamais peur ; cela nous pousse plutôt à mieux vivre le présent. Dieu nous offre avec miséricorde et patience ce temps afin que nous apprenions chaque jour à le reconnaître dans les pauvres et les petits, que nous nous employions pour le bien et que nous soyons vigilants dans la prière et dans l’amour. Le Seigneur, au terme de notre existence et de l’histoire, pourra nous reconnaître comme serviteurs bons et fidèles. Merci.

Traduit de l’italien par Luc Dubrulle

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