Cent mille
Jean RODHAIN, « Cent mille… », Messages du Secours Catholique, n° 18, juillet 1951, p. 1.
Cent mille…
Parmi les échos de l'activité charitable de partout, vous trouverez dans ce numéro quelques comptes-rendus de Congrès. Il y a beaucoup de congrès actuellement. Il y en a beaucoup trop. Mais, soyez tranquilles, le Secours Catholique ne se laisse pas griser par cette frénésie de congrès, rencontres, conférences, où, finalement, un stock limité de conférenciers retrouve un fonds permanent d'auditeurs. La densité des conférences en un lieu ne semble pas y amener automatiquement un perfectionnement de civilisation. Je pense qu'il y a bien sur cette terre quelques heureuses régions sans congrès, et où, cependant, les humains savent naître, vivre et s'aimer tout simplement sans avoir jamais entendu de conférences sur le travail, ni sur la vie, ni sur l'amour.
Les lettres reçues ici, les trois lignes écrites au dos d'un mandat expédié du village pour aider un enfant grec et, bien plus encore, les visites faites en province nous rappellent lumineusement combien, sans bruit, sans phrases, sans relâche, le vrai peuple de France travaille avec nous et s'intéresse à cette aventure de charité qu'est le Secours Catholique. Rien n'est plus réconfortant pour nous. Merci.
Cependant parmi ces congrès ayant pour objet l'activité charitable, une dominante se dessine visiblement : on se retrouve de plus en plus de plain-pied avec nos frères protestants, israélites ou musulmans. La misère, le souci de la misère, le souci des frères dans la misère réunit très vite des personnalités malgré leurs différences de langues, de nations. Et ce n'est pas une réunion factice. C'est un travail où, spirituellement, on avance dans une union d'une qualité indiscutable. A certaines de ces rencontres sur l'action charitable, alors que peut-être la liste des participants venus de tendances si opposées étonnerait le lecteur éloigné, on a envie de murmurer après trois jours de travail en commun : « Vraiment, le Seigneur est ici... »
Alors je pense qu'à certaines réunions locales d'œuvres charitables, où il n'y a que des catholiques, il faudrait trouver le même cœur unanime. Faites la paix, sinon nous disparaîtrons tous. Tout l'Évangile le crie. Toute l'histoire contemporaine ‑ la roue tourne vite ‑ le prouve.
Chaque lecteur de ces « Messages du Secours Catholique » travaille pour cette union. Vous êtes maintenant cent mille. Quel réconfort pour les Délégations diocésaines. Élargissez ce travail d'union. Il n'y a pas de vacances pour la Charité unifiante. C'est la véritable « Pax Christi ».
Jean RODHAIN.
P. S. ‑ Merci aux souscripteurs qui ont répondu à notre appel des valises‑chapelles pour les aumôniers et les missionnaires.