Le carnet de Sidoine
Jean RODHAIN, « Le carnet de Sidoine », Messages du Secours Catholique, n° 180, décembre 1967, p. 2.
Le carnet de Sidoine
Question 1
« Messages » a commis une erreur en annonçant à la page 9 de son dernier numéro que le calendrier 1968 reproduisait exactement celui de 1912. Ces deux années commencent bien un lundi, elles sont toutes les deux bissextiles, elles ont le même nombre de vendredis. Mais, en 1968, Pâques sera fêté le 14 avril alors qu’en 1912 il a été fêté le 7 avril.
Réponse :
Notre lecteur a raison, et Sidoine reconnaît publiquement son erreur. Pour retrouver un calendrier avec les mêmes jours et les mêmes fêtes qu'en 1968, il faut, en effet, rechercher dans vos greniers l’exemplaire qui a servi à vos ancêtres en 1816 ou 1748. Par contre, Sidoine a calculé que si vous conservez ce calendrier 1968, Il pourra vous resservir exactement en l’an 2120...
Question 2
Plusieurs journaux ont annoncé qu’aux Indes, deux religieuses catholiques travaillant au service d’une œuvre de secours avaient été immolées en sacrifice par une tribu désireuse d’obtenir des pluies favorables. Est-ce exact ?
Réponse
Cette information a même été utilisée par un académicien de grand renom pour bâtir dans un quotidien matinal tout un éditorial hostile à l’aide au Tiers Monde.
« Messages » a fait immédiatement interroger la direction de « Caritas Inde ». Voici les conclusions de l'enquête :
1° Aucune religieuse, aucune étrangère n’a été immolée aux indes.
2° Il existe encore des tribus où la pratique d'immolation de jeunes gens d’un village est parfois pratiquée. Ces faits sont rarissimes.
Question 3
J’entends dire autour de moi que pour passer du stade de l’aumône au stade du développement, les œuvres charitables vont subir une crise terrible. Comment survivrez-vous à cette crise ?
Réponse
Vous retardez de vingt ans : Il y a longtemps que le stade de l’aumône est dépassé.
Il n’y a que les antiquaires de la sociologie pour voir encore partout des billets d'aumône rédigés sur parchemin et des bienfaitrices en chaise à porteur.
La charité véritable ne tient pas boutique d'antiquaire. Elle est en avant, en plein vent. Sa place est à l’avant-garde pour préparer aujourd’hui la justice sociale de demain.
Quand la charité passe du train omnibus à la caravelle, elle éternue. Et puis, elle fait comme tout le monde : elle s’adapte.
Nous ne survivons pas. Nous vivons : santé excellente.
Question 4
J’ai lu dans une revue scientifique une statistique sur les progrès mondiaux dans le domaine de la santé. Avec les nouvelles découvertes de la pharmacie, de la médecine, de la chirurgie, il semble que le % de toutes les maladies soit en baisse. Pourriez-vous nous citer une seule maladie où ce pourcentage ne soit pas influencé par le progrès ?
Réponse
Oui. Il y a un fléau mondial que le progrès n’a entamé ni d'un centième, ni même d’un millionième. C’est l'agonie : le pourcentage des hommes finissant ainsi par mourir est inexorablement de 100%. Exactement comme à l'âge des cavernes, la mortalité frappe 100% des hommes et 100% des femmes. Seulement à l’âge de la télévision - et des ordinateurs - le monde 1968 ne cite jamais ce pourcentage.
Question 5
Dans le dernier numéro de Messages, page 2, colonne 2, paragraphe 4, Sidoine se réfère au discours d'Athénagoras qui aurait employé 8 fois le mot « charité ». Où peut-on trouver le texte de ce discours ?
Réponse :
Ce discours figure en traduction française dans l'Osservatore Romano du 28 novembre 1967. Mais un autre lecteur, plus attentif que Sidoine, nous fait remarquer que dans ce discours ce n’est pas huit, mais neuf fois que le terme « charité » est employé.
Enfin, ce qui prouve que le carnet de Sidoine est lu avec attention, un autre lecteur nous signale que si on lit aussi la déclaration commune de Paul VI et d'Athénagoras, et les adieux de Paul VI au Patriarche (Osservatore Romano du 28 octobre 1967), on totalise dans ces 3 textes, 17 rappels de la « charité ».
SIDOINE.