Réalisons
Jean RODHAIN, « Réalisons », Bulletin de liaison du Secours Catholique, n° 1, 15 janvier 1947, p. 1-2.
Réalisons
Le Conseil d’Administration (voir pièce jointe N°1) du Secours Catholique a décidé que la première campagne du Secours Catholique aurait pour objectif « Les malades ».
Il ne s’agit donc pas d’une petite invitation d’un service ou d’une consigne particulière d’un bureau ! C’est le premier élan, le premier départ du Secours Catholique.
Que cette campagne soit orientée dans la ligne du Secours Catholique : il s’agit d’éveiller une grande charité pour les malades.
Que le délégué ou le comité ne s’hypnotise pas sur un seul hôpital, ce n’est pas son rôle.
Qu’il éveille ou réveille l’attention d’un quartier tout entier, d’un groupe d’œuvres, d’une centaine de bonnes volontés vers le problème "Malades". Il y a des bonnes volontés prêtes à se donner. C’est aux délégations à savoir avec tact les orienter, les coordonner. Ne limitons pas le problème à une quête. Envisageons la dans toute son ampleur...
Cette campagne sera un gros travail. Il reste peu de temps. Il y a tous les mouvements à contacter. La propagande à faire. Le plan de travail à fixer. Des initiatives à prendre largement : tant mieux. Ce sera la meilleure manière de faire connaître et d’expliquer les buts du Secours Catholique. On prouve le mouvement en marchant.
Enfin cette campagne sera un enrichissement spirituel. Je prétends que le bon Samaritain a beaucoup appris au contact du voyageur blessé. Ayant vu de près une plaie, ayant entendu le long de la route les confidences du malheureux, il a perdu peu à peu sa spiritualité nuageuse et verbeuse pour trouver la note juste et vraie et réelle du Christ aimant. La spiritualité de Saint Vincent de Paul est faite de ses oraisons, mais aussi de tout ce que le Christ lui a murmuré à travers les misères approchées. Le Père de FOUCAULD a connu le cœur du Christ en Le fréquentant, dans le silence du tabernacle mais aussi dans les soins donnés aux Touareg malades. Je ne crois pas au militant bavard qui ne passe pas une heure par mois dans un hôpital.
Je ne peux pas prendre au sérieux ces articles de revues catholiques, où sous prétexte d’étudier le christianisme actuel, on examine sur tout, depuis la prédication jusqu’aux détails de la liturgie, en oubliant seulement les secours matériels, le verre d’eau et le pain.
« J’étais nu, et vous m’avez vêtu... j’avais faim... Venez les bénis de Mon Père ». C’est une promesse dont la réalisation commence avant le Jugement Dernier et dont le premier bénéficiaire est la vie intérieure du donateur.
La "Campagne pour les Malades" ne sera pas le résultat d’un esprit. C’est l’esprit de chaque délégation du Secours Catholique qui sera enrichi spirituellement par cette campagne.
Au travail ! Solidement. Votre joie de Pâques est entre vos mains.
Abbé Jean RODHAIN, Secrétaire Général du Secours Catholique