Dans le "vrai"
Jean RODHAIN, « Dans le "vrai" », Bulletin de liaison du Secours Catholique, n° 31, juillet-août 1949, p. 1-2.
Dans le "vrai"
Les comptes-rendus du Congrès Eucharistique national de Nancy dans la presse sont curieux à analyser : en faisant la part de l’exagération habituelle des journalistes, il reste ceci : ils accordent tous une place importante au Secours Catholique.
Les quotidiens s’attardent longuement sur les délégations régionales du Secours Catholique, leurs costumes, leurs produits, avec excellentes photos à l’appui.
Les hebdomadaires sérieux déclarent sous la plume de théologiens que ce geste charitable à l’Offertoire est dans la ligne rigoureuse de la théologie, et « que cela aurait toujours dû être comme cela ». On ne pouvait pas davantage nous faire plaisir.
Dès l’instant, en effet, où l’on veut revenir à la coutume, au geste traditionnel de l’offertoire, à la participation de l’assemblée à l’Eucharistie, il faut désigner un organisme d’Église, qui par sa vocation, et sa création, soit responsable de ce geste. Il y a 10 ans, on aurait pu hésiter. Depuis deux ans, il n’y avait pas à hésiter : l’Assemblée des Cardinaux et Archevêques ayant créé et mandaté le Secours Catholique pour remplir cette fonction, elle lui revenait automatiquement.
Mais c’était une nouveauté. Mais il y avait un risque à essayer publiquement, du premier coup, une telle expérience sur une telle échelle. Son Excellence Monseigneur Fleury ayant pris cette responsabilité publiquement, on comprend très bien qu’entre cette décision et sa réalisation certains aient été parfois saisis d’hésitations…
Le premier réconfort vint des délégations. Des spectateurs, en voyant défiler l’immense cortège, on parlé d’un travail énorme. Ce n’est pas exact. Il a suffi d’un travail précis de programme proposé pour les dons symboliques, puis d’un travail normal de mise au point : tout le reste a été fait avec cœur par les délégations, spontanément, parce qu’elles avaient compris le geste.
Le soir, devant l’immense assemblée, un instant avant la bénédiction finale, les dons offerts furent échangés. Et chaque échange présenté par le psalmiste était ratifié par la foule :
Le psalmiste : « Le Christ, c’est vraiment le pain partagé » .
La foule : « Demain, nous partagerons en frères ».
Ce cri était à la fois la définition de l’Eucharistie, et aussi celle du Secours Catholique. Quel réconfort pour les délégations d’entendre un Congrès Eucharistique National se clôturer sur une telle définition et un tel mot d’ordre.
D’ailleurs à la Grand’Messe, Son Eminence le Cardinal avait souligné combien le Souverain Pontife mis par lui au courant de ce geste, avait spécialement apprécié cette « participation charitable réelle » ainsi réalisée.
En continuant à travailler dans ce sens, le Secours Catholique est en plein cœur de la théologie. Il est dans l’axe même de la doctrine eucharistique. Il est exactement centré dans le vrai. Quelle solidité. Quelle certitude. Quelle garantie…
Le Secrétaire Général
Abbé Jean RODHAIN