Faut-il leur montrer Rome
Jean RODHAIN, « Faut-il leur montrer Rome ? », Témoignage Chrétien, janvier 1950.
"Faut-il leur montrer Rome ?"
"Ne croyez-vous pas qu'il vaut mieux ne pas les y conduire ?" Ainsi parlent les chimistes de l’Apostolat. Je les appelle chimistes parce qu'ils analysent et qu'ils pèsent. Et leurs calculs sont exacts. Mais ils parlent de la masse, et du peuple, et de ROME comme les chimistes parlent de l'eau de mer. Les navigateurs ne décomposent pas l'eau de mer. Ils naviguent. Ce n’est pas la même chose. Nous avons surabondance de chimistes en apostolat et pénurie de navigateurs. La vague et le flot, l'air marin et le vent du large ne sont compris qu'en pleine mer. Amenez-moi donc le plus sceptique, le plus rétif, le plus obstiné dans ces préjugés de tous ces laïcs admirables dans leur générosité, capables de marcher au martyre sans hésiter, craignant de voir la masse déçue par les décors de Fabiola que leur imagination implante autour du Vatican. Je le confierai à quelque pauvre séminariste français qui le conduira aux Catacombes, aux humbles galeries de Saint-Sébastien, aux maladroites inscriptions gravées par la masse populaire des premiers siècles autour du tombeau de Saint Pierre.
Il le conduira dans ces ruines gigantesques du Palatin et des basiliques mesurer le travail, ce "travail de romain". Il le conduira dans Saint Pierre pour qu'il mesure ce lieu si vaste qu'on ne s'y sent pas enfermé, et cet espace si bien réparti qu'il figure la paix, cette tranquillité de l'ordre. Il verra le peuple, l'authentique peuple romain à l'aise et chez lui dans les églises comme dans la rues et si prêt à courir vers chaque convocation du Pape.
Cette familiarité romaine ne supprime pas la misère - et la banlieue romaine en est remplie - mais elle prouve combien l'Église à sa tête garde le contact, plus qu'on ne le pense. Il entreverra même ces mystérieux bureaux - et très simples bureaux.
Ces laïcs des Congrégations romaines avec ces Evêques de toutes les races y déferlant comme un flot incessant. Ce flot, ces vagues, ce parfum de ROME, ce souffle des siècles et des mondes feront découvrir à votre jeune inquiet une ROME différente de celle de ses films et vous feront convenir qu'il valait mieux, en effet, l'y conduire.
" LA PORTE OUVERTE " page 201 (Texte modifié)
Au pèlerin, même au pèlerin de désir, l'Année Sainte n'est pas seulement un panneau de briques défoncé à l'entrée de la grande basilique romaine.
Cette Porte Ouverte sur l'Église, communauté de Frères en Jésus-Christ, provoquera un appel d'air. Le seul air que demandent les humains pour respirer véritablement porte un nom bien précis. C'est un souffle de charité qui doit passer par cette Porte Ouverte.
Jean RODHAIN
Prêtre
Secrétaire Général du SECOURS CATHOLIQUE