A chacun son métier
Jean RODHAIN, « À chacun son métier », Postface de : Secours catholique, Campagne du logis. 1952-1953, p. 85.
À chacun son métier
Le Secours Catholique entreprend la « Campagne du Logis » sur un plan qui n’est pas celui de la technique.
Le Seigneur rencontrant le paralytique aurait pu distribuer de la pénicilline. Le Seigneur Dieu Tout-Puissant connaissait la pénicilline... La multipliant comme il avait fait pour les pains, c’était mille malades guéris d’un coup, et dix-neuf siècles gagnés pour la pharmacie et la santé...
Le Seigneur en face des dix lépreux aurait pu créer une Faculté de Médecine à Jérusalem, avec une clinique en avance de mille ans. Cela lui était aussi aisé que la Transfiguration… Cela aurait gagné du temps et la thérapeutique faisait un bond miraculeux.
Il n’a employé aucune technique.
Il n’a guéri qu’un seul malade ici, quelques-uns en Galilée. Mais Il les a regardés d’un tel regard, Il leur a parlé avec une telle estime, que cet amour pour le malade a déclenché une révolution dans les âmes. Les satisfaits ont commencé à s’inquiéter. Les inquiets ont commencé à aimer. C’est cette Charité qui a fait peur à l’Empire Romain et à ses notables. C’est cette Charité qui a déclenché les constructeurs d’hôpitaux du Moyen Age, et les précurseurs de la justice sociale d’hier.
Il s’agit de nous inquiéter de celui qui est mal logé.
Il s’agit de le comprendre.
Il s’agit de le regarder du même regard que fut regardé le paralytique de Capharnaüm.
C’est d'abord cela, la CAMPAGNE DU LOGIS.
Mgr Jean RODHAIN,
Secrétaire général du Secours Catholique.