Lettre aux curés
Jean RODHAIN, « Lettre aux curés », Brochure de la Journée Nationale 1952, p. 1-2.
Cher Monsieur le Curé
Lettre, quête, bilan. Voici le SECOURS CATHOLIQUE qui prend l'ornière classique... Non.
Il est beaucoup plus révolutionnaire que cela.
Il est pris, non pas dans une ornière, mais dans un engrenage (un engrenage ça fait avancer) : l'engrenage des misères mondiales. Depuis l'an dernier, le Siège a été établi à Rome de cette « INTERNATlONALE DE LA CHARITÉ »[1].
Et là, sur ce plan international, le spectacle est indiscutable : notre charité n'est plus à la mesure, ni des misères mondiales, ni des organisations mondiales actuelles.
Voyez, par exemple, la plainte du Souverain Pontife regrettant l'absence d'écho à ses appels en faveur des réfugiés. Dans cent ans, on se demandera pourquoi ces appels n'ont pas ébranlé nos paroissiens. Ceux-ci seraient admirablement accueillants pour un cortège de réfugiés traversant la grand' rue de la paroisse. Toutes les portes s'ouvriraient pour eux. Chaque famille irait chercher un enfant par la main pour l'accueillir. Mais les appels du Pape pour les réfugiés lointains ne les atteignent pas. C'est à nous de leur rendre sensible et présente l'Église souffrante.
Il ne s'agit pas de ramasser mille francs de plus. Il s'agit d'inquiéter des chrétiens pour qu'ils réalisent la Charité visible de l'Église. Il s'agit d'éveiller de futurs Vincent-de-Paul. Il s'agit donc, pour cette Journée Nationale du 16 novembre, d'un travail avant tout pédagogique. C'est votre souci de tous les jours, cher Monsieur le Curé, c'est le nôtre aussi. Et ici cette Journée Nationale peut vous aider comme elle nous aide : nous nous rejoignons, nous avons le même but.
D'ailleurs, plus vos paroissiens seront éveillés aux sollicitudes de l'Église, mieux ils seront attentifs aux misères de leur propre paroisse : le Secours Catholique commence sur place par le prochain proche.
Cher Monsieur le Curé, sans vous l'Aumônerie des Prisonniers de guerre n'aurait pu faire face à sa tâche : c'est vous qui avez su y intéresser vos paroissiens. Je ne l'oublie pas.
Sans vous, le Secours Catholique ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. C'est votre appui qui lui a donné crédit chez vos paroissiens. C'est-le total des paroisses qui fait sa force en France et à l'étranger.
Pour cette Journée du 16 novembre, si quelques miettes d'actualités peuvent vous servir, les voici réunies dans ce cahier.
Vous n'attendiez point ces miettes pour préparer votre texte, me direz-vous. Bien. sûr. Veuillez, alors n'y voir rien d'autre que le désir de vous dire d'avance un grand « MERCI ».
Très fidèlement in X°.
Mgr Jean RODHAIN,
Prêtre,
Prélat de Sa Sainteté.
[1] Cf. page 31