Au Vietnam
Jean RODHAIN, « Au Vietnam », Messages du Secours Catholique, n° 161, mars 1966, p. 10.
Au Vietnam
Surtout, le magnifique programme de pacification, publié avec tant de fracas à Honolulu, souffre d'un très grave défaut : il est associé à l'intensification de la plus cruelle des armes de guerre : les bombardements aériens.
Chaque jour, une moyenne de près de quatre cents sorties aériennes sont effectuées sur le Sud-Vietnam. Théoriquement, il s'agit d'attaques contre des objectifs militaires vietcongs. En fait, les avions pilonnent systématiquement de larges secteurs du Delta considérés a priori comme « zones viet ». On n'ose pas l'avouer ouvertement, mais le but véritable de cette tactique est de forcer la population civile à évacuer les zones dans lesquelles le gouvernement ne parvient pas à rétablir son autorité. Il y a vingt-cinq mille réfugiés près de Cantho. Il y en a des milliers dans chaque province.
Dans certains secteurs, les paysans ne peuvent plus travailler leurs rizieres dans la journée. Ils sont obligés de récolter le riz de nuit. D'autres régions sont ruinées par les arrosages de produits chimiques. Chaque jour, une vingtaine de civils grièvement blessés sont amenés à l'hôpital de Cantho.
Les Américains tentent de se rassurer en affirmant que la population rend le Vietcong responsable de ces bombardements. Ce n'est pas l'avis des médecins qui soignent les victimes. L'un d'eux ma dit : « Ici comme ailleurs on s'en prend à celui qui lance les bombes. »
(Extrait du reportage de Max CLOS au sud de Saigon « Figaro » du 2 mars 1966, p.4.)
« Actuellement, chaque fois que des femmes et des enfants sont massacrés par un bombardier dont l'équipage est formé de chrétiens blancs, cet acte efface une après l'autre, en Extrême Orient, les plus belles phrases du document conciliaire « Présence de l'Église au monde actuel ».
Cela je l'ai dit, je l'ai écrit, je le répète. Et j’attends que quelqu'un me prouve le contraire. »
Jean RODHAIN, prêtre.