Jean RODHAIN, « Le carnet de Sidoine », Messages du Secours Catholique, n° 179, novembre 1967, p. 2.

Le carnet de Sidoine

Sidoine répond à 5 questions

1. – Je suis découragée. Dans ma paroisse, je m'occupe de la visite des prisons et du service des vieillards. Mais je suis découragée car le vicaire répète sans cesse que ce travail n'est pas dans le sens de l’histoire, et aussi parce qu'aux réunions paroissiales ces problèmes ne sont jamais évoqués.

Réponse

Votre cas est rarissime, évidemment. Ne soyez pas découragée, mais joyeuse : vous êtes dans la bonne voie. Le silence et l’oubli sont des signes excellents pour une charité véritable. Saint Laurent, diacre de la Charité, se présente toujours avec ce gril où on l’a grillé. Si toute la ville chantait vos louanges, cela serait inquiétant. Vous n’imaginez pas sainte Bernadette terminant sa vie comme présidente du Syndicat d’Initiative de Lourdes et décorée des Palmes académiques ? Bernadette a fini oubliée auprès des malades de Nevers. Vous avez choisi la meilleure part. Gardez-la. Le Modèle de toute Charité a fini sur une croix, pourquoi rêveriez-vous d'un fauteuil doré ?

2. - Je suis, depuis trois ans, assistante sociale ici, dans la plus pauvre province du Pérou. Je soigne plusieurs milliers d'enfants chétifs par an. Mais un conférencier venu d'Europe a proclamé l’assistance périmée et devant faire place au développement. Alors, que dois-je faire ? Déchirer mon diplôme d’assistante ou bien abandonner cette province à la mortalité infantile effrayante et rentrer chez moi en Belgique ? Que me conseillez-vous ?

Réponse

Pour être en paix, ouvrez l’Encyclique sur le développement à la page consacrée à Caritas Internationalis, et dans les documents pontificaux récents, relisez les enseignements sur l’actualité de l’action charitable. Les conférenciers passent. Et c'est le Christ présent qui vous appelle par le regard de ces pauvres enfants. Tenez bon.

3. - Je suis très attentivement la dernière page de « Messages », car vos « cas » me paraissent exactement choisis.

Mais dans le numéro de septembre, vous en étiez au cas n°1.205, et en octobre vous passez au cas n°1.781. Pourquoi avez-vous sauté 516 numéros d'un seul coup ?

Réponse

Le 1^er septembre, notre fichier manuel a été remplacé par un ordinateur électronique IBM 360. Cet ordinateur qui classe et répartit tous les mandats - en particulier ceux qui concernent les cas - doit travailler sur une codification méthodique.

La codification adoptée comporte :

- 1° Le numéro du journal (pour octobre : 178)

- 2° Le numéro du cas dans la page, soit 1, 2, 3, etc.

Nous avons omis de le signaler. Veuillez nous excuser.

4.- En cette époque d’œcuménisme, nous devrions bannir tous les mots qui risquent, à notre époque, de ne pas être compris. Dans le dernier numéro de Messages vous employez trois fois le mot de « Charité ». Ne pensez-vous pas qu'il risque de choquer nos frères séparés ?

Réponse

Je tiens à votre disposition le texte du discours prononcé à Saint-Pierre de Rome le 26 octobre dernier par le Patriarche Athénagoras, de Constantinople. Dans ce discours assez bref, il a employé le mot Charité 8 (huit) fois.

5. - Le docteur Fred Pilili, de New York, vient de faire une conférence sur l’inutilité de l’amour dans le mariage en raison des progrès dans les techniques du développement. Qu'en pense Sidoine ?

Réponse

Cela me fait, penser à ces super-techniciens qui, dès qu'ils ont installé une usine d'engrais chimiques aux Indes, proclament qu'il n'y a plus besoin de charité entre les hommes...

SIDOINE.