Le coeur a besoin de mains
Jean RODHAIN, « Le cœur a besoin de mains", Messages du Secours Catholique, n° 179, novembre 1967, p. 1; 6.[1]
Le cœur a besoin de mains
Alors, tous les assistants se levèrent et pour clôturer ce brillant Congrès international, ils entonnèrent, en se tenant par la main, la fameuse chanson : « Ce n'est qu'un au revoir, mes frères ».
Le chapeau à fleurs de la vieille dame anglaise oscillait doucement au même rythme que la chevelure crépue de l'athlète de la Tanzanie. Cette psalmodie enfantine aurait pu être ridicule, mais cela ne l’était pas du tout, car les cœurs étaient unanimes ce soir-là : c’était touchant.
Des mains unies, symbole de cœurs unis, voilà une communauté en état de charité. Deo gratias.
Il s’agit maintenant de traduire cette charité en actes. Or tant qu’on a les deux mains occupées à serrer celles des voisins, on ne peut ni manœuvrer une truelle, ni faire un pansement d'urgence.
Le cœur a besoin de mains, à condition que ces mains travaillent, et qu’elles travaillent dans leur spécialité.
Hier vos cœurs généreux ont délégué certaines mains pour servir des pauvres dans la prison, dans les hôpitaux, et jusque dans les pays de la faim. Vous trouverez dans ces pages quelques chiffres et quelques résultats. C’est un compte-rendu de l’emploi de vos dons et un témoignage de gratitude envers vous.
Aujourd’hui, le successeur de saint Pierre vient de jeter une lumière nouvelle sur ces pauvres Lazares alignés depuis notre propre porte jusqu’aux antipodes. L’Encyclique du Pape Paul VI sur le Développement est un coup aux cœurs et un appel aux mains.
Cette Journée Nationale du 19 novembre présente une originalité : elle ne place pas de quêteurs dans les rues. Elle place seulement sous vos yeux cette image du cœur et des mains. Tant de mains se tendent. Ce n'est pas pour réclamer une aumône. Ces mains attendent le geste de votre bon cœur pour travailler. Pour travailler au service des plus pauvres.
[1] Article non signé, mais formellement identifié Jean Rodhain par Françoise Mallebay.