Pour eux ce n'est pas fini
Jean RODHAIN, « Pour eux, ce n'est pas fini », Messages du Secours Catholique, n° 205, février 1970, p. 1.
Pour eux ce n'est pas fini
On ne verra plus jamais ces photos d’enfants affamés dans un camp. Les camps du réduit biafrais, c'est fini. Mais pour ces enfants, tout n'est pas fini.
Ils vont essayer de survivre. Deux ans de sous-alimentation ont atteint ces pauvres structures enfantines. Les médecins calculent qu’en raison des séquelles pulmonaires ou cardiaques de cette longue carence, la moitié de ces enfants ne pourra pas parvenir à l’âge adulte.
Quoi qu'on fasse pour eux, il va donc chaque jour se creuser des tombes d’enfants dans le secret de la brousse.
Et pour sauver l’autre moitié, il faudrait une assistance continuelle auprès de tous ces enfants de 3 à 13 ans qui ont regagné leurs villages. Où sont-ils ? Comment les dépister ? Comment les suivre méthodiquement ? La Croix-Rouge nigériane va s’y employer. Même si toutes les œuvres d’assistance du monde entier étaient convoquées sur place, personne ne serait de trop en face de cet écheveau inextricable d’un million d’enfants dispersés dans les villages de la forêt tropicale. Ce sera un travail minutieux. Cela devra durer des années. Il n’y aura plus de photographes, ni de reportage émouvant.
Non, les enfants à sauver, ce n'est pas fini...
Jean RODHAIN.