Jean RODHAIN, « Le carnet de Sidoine », Messages du Secours Catholique, n° 213, novembre 1970, p. 2.

Le carnet de Sidoine

Question 1

La rédaction de « Messages » devrait confier Sidoine à un psychanalyste. Après une série de tests, la rédaction ne rendrait enfin compte que ce sacristain à l'esprit borné devrait retourner définitivement dans le silence de sa sacristie.

Réponse :

- Pas besoin de retourner dans ma sacristie : je ne l'ai jamais quittée.

Par contre, je serais ravi d'être psychanalysé. J'attends qu'un généreux paroissien m'offre la fortune nécessaire pour me payer ce genre de traitement. Le diagnostic sera ensuite publié ici « in extenso ».

Question 2

Pour appuyer la compagne du Secours Catholique en faveur des réfugiés de Palestine, nous avons l'intention, mes amis et moi, d'aller occuper le chœur de notre cathédrale et d'y pratiquer un jeûne de huit jours. Le Secours Catholique peut-il nous prêter les lits et matelas nécessaires pour cette occupation ?

Réponse :

- L'occupation d'une cathédrale, c'est du déjà vu. Pour varier, pourquoi n'iriez-vous pas occuper une mosquée ? Ce serait plus original.

Mais vous ne le ferez pas. Les Musulmans ont un tel sens du sacré et un tel respect des lieux de prières qu'ils contraignent tout visiteur à se déchausser avant d'avancer clans une mosquée. Et les plus grands Chefs d'État respectent scrupuleusement cette obligation. Des individus se présentant à la porte d'une mosquée avec des matelas et des ustensiles de ménage seraient considérés comme des profanateurs et vigoureusement refoulés sur-le-champ. Vous le savez parfaitement, et comme vous êtes aussi peureux que des lièvres fuyants, vous ne vous risquerez pas sur le seuil d'une mosquée...

Il est visible qu'ici les Musulmans nous donnent une leçon de foi. Ils croient au sacré.

Tout cela pour vous faire comprendre que nous croyons que la plus pauvre de nos chapelles est Ici demeure de Dieu consacrée à la prière et à l'adoration.

Non, nous ne vous fournirons pas de matelas. Nous vous fournirons un Évangile marqué aux pages où les quatre Evangélistes détaillent la scène du doux Seigneur Jésus chassant avec un fouet de cordes ceux qui oubliaient que sa maison est une maison de prières. (Matt. XXI,12-13 - Marc XI,15-17 - Luc XIX,45-46 - Jean Il,13-17.)

Question  3

« Messages » a parlé du télex S.O.S. De quoi s'agit-il exactement ?

Réponse :

- Imaginez à Paris un clavier de machine à écrire relié par un fil à un clavier semblable à Jérusalem. Toute ligne frappée à Paris s'inscrit en même temps à Jérusalem. Une page entière est ainsi transmise en deux minutes.

Le premier avantage des textes ainsi envoyés est la rapidité. Suppression du télégramme porté et du cycliste : le texte l'inscrit directement à domicile. On peut obtenir la réponse en quatre minutes.

Deuxième avantage : Economie. La taxe est calculée non pas au nombre de mots, mais à la durée d'occupation de la machine. Il y a donc avantage à éviter la frappe directe qui souffre des temps d'hésitations de la dactylo. Il est préférable de taper au préalable les textes à diffuser sur une bande à perforer qui passera ensuite automatiquement en grande vitesse dans l'appareil télex et pourra servir pour les messages à multiples destinations.

Toutes les Caritas nationales possèdent un télex.

Le télex du Secours Catholique français est le numéro :

27184 SECATHO PARIS

Question 3

La Charité devrait normalement s'exercer 365 jours par an. Pourquoi cette Journée Nationale du 15 Novembre ? Vous donnez l'impression qu'après ce jour fixe, on est « quitte ».

Réponse :

- L'amitié devrait normalement s'exercer 365 jours par an. On souhaite cependant sa fête à un ami un certain jour de l'année. C'est un point fixe. Un point de rappel. Un point où on s'exprime mieux. Un jour où l'amitié se réchauffe. Ainsi, le 15 Novembre pour la grande famille de l'amitié S.O.S.

Question 4

L'article sur les « Deux Villages » paru dans « Messages » souhaite que les jeunes ménages soient accueillants pour les grands-parents. C'est bien. Mais il aurait fallu penser - pour justifier la nécessité des maisons de retraite pour personnes âgées - aux nombreux cas qui échappent aux dimensions de l'article : la grand-mère qui aime la solitude, le vieillard qui n'a plus aucune famille pour l'accueillir. Pourquoi ne pas les mentionner ?

Réponse :

- Voilà qui est fait grâce à vous. Merci.