Un film pas comme les autres
Jean RODHAIN, "Un film pas comme les autres", MSC, n° 3, décembre 1947 et février 1948, p. 1.
Un film pas comme les autres
Le public applaudit peu. Il réfléchit. La salle n’est pas vibrante. Elle est tendue. Les quelques médiocrités du film Monsieur Vincent sont écrasées par le texte de jean Anouilh et la physionomie de Pierre Fresnay. Ces mots et ce regard, cet étonnant regard de Monsieur Vincent, s’en viennent jusqu’au dernier fauteuil empoigner le spectateur, lui faire faire un secret examen de conscience et lui éclaircir la vue. Trois jours après, ce spectateur se surprend à regarder sa rue avec un autre regard. Il semble que Monsieur Vincent en personne lui ait révélé en ce petit vieux correct qu’il croisait cependant tous les jours un rentier sans retraite à trois repas par semaine. Monsieur Vincent ce terrible Monsieur Vincent paraît cheminer encore près du spectateur d’hier pour lui dévoiler sur dix malades visités, le nombre de malades sans draps.
Monsieur Vincent celui du film ou celui de 1655 - est un médecin indiscret, et exact, et présent : et chacun s’interroge devant la misère qu’il lui découvre.
Le souci de cette misère à provoqué votre adhésion au Secours Catholique. Votre adhésion a ouvert ce dialogue dans lequel ce Messages vous répond. A chaque adhérent j’annonce loyalement que ce dialogue le conduira plus loin qu’il ne le supposait.
Vous étiez déjà pris par ailleurs : votre adhésion au Secours va vous attirer quelques soucis de plus. Pour mettre la paix dans la cité, chacun se tournera instinctivement vers vous. Les misères guettent votre réponse à leurs questions. En ces heures d’inquiétude, tout un équilibre tient à quelques gestes du cœur. Les bonnes volontés elles sont innombrables attendent que vous leur serviez de point de cristallisation. Les braves gens le pays en est rempli suivront vos initiatives.
La misère vous interpelle...
Et déjà, la maman inquiète au sujet de l’enfant, pour cet hiver, sachant que le Secours Catholique prépare une Campagne des Berceaux, met derrière ce berceau espéré, un nom : le vôtre.
Vous allez dans votre quartier parler de cette Campagne. Vous provoquerez une contagion de tricotage et de couture. Vous interviendrez à droite et à gauche, chez l’artisan et le banquier. Vous plaiderez auprès de la fermière au grenier garni, et auprès de celle qui n’a que ses dix doigts et son cœur. Vous persuaderez vos relations qu’il y a quelque chose à faire pour aider les enfants. Dans cette Campagne, rien n’est envoyé à Paris. Il s’agit de provoquer des secours « sur place ». Il ne s’agit donc point d’une quête, mais d’une influence : de votre influence, de votre travail...
C’est très « prenant » d’être « adhérent » du Secours Catholique…
Heureusement.
Abbé Jean RODHAIN.