La charité conduit au Seigneur
Jean RODHAIN, « La charité conduit au Seigneur », Brochure de la Journée Nationale 1955, feuillet 11.[1]
La charité conduit au Seigneur
Les chemins vers le Christ sont variés. Certains commencent par le partage du pain. Personne, sur terre, ne peut prononcer seulement le nom de Jésus, s'il n a pas été « agi » pour cela par le Saint-Esprit (cf. saint Paul, Cor.).
- Tout vient du Seigneur.
- Et la vertu de Charité, en particulier, n’a pas, ne peut pas avoir, d'autre source que le Saint-Esprit vivificateur.
Mais c'est justement en raison de cette causalité que toute attitude, toute activité orientée dans un sens d'amour, remonte inconsciemment à la cause.
Voyez une nappe aquifère que le géologue étudie et qui se situe sous votre jardin.
Il y a celui qui, scientifiquement, cherche l'eau, et pour cela creuse un puits artésien jusqu’à la nappe aquifère.
Il y a celui qui ne croit pas à l'eau mais qui creuse parce qu’il aime la fraîcheur du sol. Je dis que celui-là il faut l'encourager : il trouvera finalement l'eau - ou l'eau vive.
De même, il y a Vincent de Paul qui voit dans le galérien le reflet du Christ, et qui - à cause du Christ - aime et sert le galérien. Mais il existe aussi le Centurion qui ignore le Christ. Mais il aime son propre serviteur malade. Pour obtenir sa guérison, il consulte médecin, pharmacien. En vain. On lui indique le Guérisseur de Nazareth. Il l'implore, et trouve du même coup la guérison du serviteur et l'illumination pour lui-même.
Si les disciples d'Emmaüs n'avaient pas eu le geste charitable d'inviter à dîner l'inconnu du chemin, ils n'auraient pas eu le pain partagé et l'éblouissement du Seigneur « reconnu ».
Parmi les cent chemins, parfois zigzagants, où l'Esprit veut que l’un ou l'autre chemine vers le Seigneur, il y a aussi le chemin d'Emmaüs : il y a des cas où un acte de Charité conduit à la Source de la Charité. Car il n'y a pas deux vertus de Charité. Dieu et le prochain sont aimés d'une seule Charité. Le Christ, c'est le pain partagé.
Mgr Jean RODHAIN.
[1] Réédité dans TAFDM, pp.150-151. (note de l’éditeur)