Et moi que puis-je faire
Jean RODHAIN, « Et moi que puis-je faire ? », Messages du Secours Catholique, n° 117, mars 1962, p. 5.
Et moi que puis-je faire ?
- Que faire ?
- Il n'y a pas de recettes. Il y a des responsabilités.
- SI JE SUIS PROFESSEUR DE MORALE, j'enseignerai aux futurs ministres le devoir des Etats confortables d'aider les Etats faméliques.
- SI JE SUIS CURE DE PAROISSE, j'apprendrai à mes gens que le Carême véritable est non seulement une privation mais aussi un partage : le Christ, c'est le pain partagé.
- SI JE SUIS JOURNALISTE, je négligerai les cœurs trop décrits pour dévoiler enfin les enfants sans lait et les pays sans pain.
- SI JE SUIS PERE DE FAMILLE, je conduirai mes fils dès leurs 12 ans accomplis visiter les vieillards abandonnés du 60 sur la cour. En l'an 2000, mon fils aura 50 ans, et s'il est un chef, alors il saura soulager la misère.
- SI J'Al LE TEMPS, j'aiderai l'une ou l’autre des organisations travaillant au secours de la faim dans mon quartier, ou dans le monde.
- SI JE PEUX, J’ENVERRAI UN CHEQUE pour une micro-réalisation.
- ET SI JE NE PEUX PAS,
- ET SI JE NE PUIS RIEN DU TOUT,
IL ME RESTE UN TRESOR ENCORE : au moment du Notre Père, je puis, en silence, devant le "Donnez-nous notre pain quotidien", m’arrêter un instant. Et chaque matin, dans ce même instant du pain quotidien, dans le secret, mesurer la longueur de ce monde sans pain, la largeur de ces bras ouverts, la profondeur de la Charité du Père. Et alors prier. PRIER JUSQU’A CE QUE LA CHARITE DU PERE VIENNE TOUS NOUS BRULER. Nous brûler de cette chaleur du four où se cuit le pain. Le pain partagé.
J. R.