Encore une nouvelle Cité-Secours
Jean RODHAIN, « Encore une nouvelle… cité-secours », Messages du Secours Catholique, n° 71, octobre 1957, p. 1.
Encore une nouvelle Cité-Secours
L'Archevêque de Marseille m'accueille dans les plâtras. Accrochée en balcon contre Notre-Dame-de-la-Garde, la Résidence Épiscopale est décorée intérieurement de lézardes et d'échafaudages abandonnés. Après m'avoir laissé mesurer les dégâts, l'Archevêque, avec ce regard affectueux et implacable dont il a le secret, précisa, avant de m'inviter à dîner : « Ce chantier abandonné, voilà le travail du Secours Catholique ».
C'était, hélas ! vrai. Pour terminer à temps la nouvelle « Cité-Secours Saint-Louis », nos équipes avaient embarqué même les entreprises travaillant pour l'Archevêché. Et S.Exc. Monseigneur l'Archevêque de Marseille se consolait de ce rapt en y voyant, avec bonne grâce, sa contribution personnelle à cette nouvelle Cité-Secours.
Cette nouvelle Cité-Secours a été décidée par le Conseil d'Administration du Secours Catholique pour accueillir les Français rapatriés d'Afrique du Nord. Du Maroc, de Tunisie, d'Algérie, ils arrivent par milliers. Parmi eux, certains ont une famille et une maison en province. D'autres n'ont rien. On voit dans les hôtels des familles entières dans une seule chambre, épuiser leurs dernières allocations de secours. Toutes les œuvres privées sont inquiètes de ces misères ignorées dont les journaux parlent très peu.
Les recherches de nos équipes d'une part, la très grande sollicitude du Maire de Marseille et de l'Assistance Publique pour la cause des rapatriés d'autre part, ont finalement abouti à mettre à notre disposition une des plus célèbres propriétés de Marseille : la Villa Gaby Deslys, sur la Corniche. Face au Chateau d’If. Cette villa, autrefois somptueuse, était vacante parce que saccagée après la guerre. Les experts estimaient que sa remise en état exigerait deux années et quarante millions.
Nous avons mis 40 jours et deux millions. Les chiffres étaient exacts. Il suffisait de les inverser.
Entrées fin juillet dans cet immense bâtisse lépreuse et désolée, nos équipes nationales du Secours Catholique ont ouvert l'immeuble totalement transformé, repeint, terminé et meublé, avec 60 lits, au matin du 8 septembre.
Dans un compartiment de chemin de fer, parlez de constructions : je vous parie qu'il se trouvera toujours un grincheux expliquant qu'il lui a fallu 27 mois pour obtenir les concours successifs du plâtrier, du plombier et de l'électricien avant de terminer l'annexe de son appartement. Une fois sur deux d'ailleurs le grincheux prenant le compartiment comme auditoire s’empare du plombier retardataire et du plâtrier inexact pour prouver rigoureusement que la France est un pays fini, au bord de l’abîme...
Je regrette beaucoup, mais j'invite tous les grincheux à visiter nos Cités-Secours : Myriam et la Comète à Paris, « Saint-Pierre » à Lourdes. et « Saint-Louis » à Marseille : venez et voyez. On trouve toujours des bras quand on y croit...
Conclusions : Participez-y. Comment ?
Primo : Cette Cité de Marseille n'est pas un réservoir destiné à loger en permanence 15 familles. C'est un canal vers l'accueil définitif. Son bon fonctionnement dépend de ses débouchés. Si vous connaissez un emploi, un logement pour ces compatriotes qui arrivent, écrivez-nous. Je précise : pour gagner du temps, écrivez directement :
Cité-Secours « Saint-Louis »
299 Promenade de la Corniche
MARSEILLE.
Secundo : Les réparations sont payées. Il reste la marche quotidienne de cette Cité « Saînt-Louis ».
Pensez-y. Aidez-la.
Merci
Mgr Jean RODHAIN.