Cette joie de Pâques, d’où vient-elle
Jean RODHAIN, « Cette joie de Pâques, d'où vient-elle ? », Messages du Secours Catholique, n° 118, avril 1962, p. 6-7.[1]
Cette joie de Pâques, d’où vient-elle ?
Pâques n’est pas un jugement.
Pâques ne mesure point la maigreur due ou jeûne avec un centimètre, et ne pèse pas les privations en kilos et en grammes.
L’Église ne paie pas avec des « primes » comme dans les paquets de lessive. Et Dieu n'est pas un épicier.
Elle n’est pas le prix des privations de carême
Pâques ne distribue pas la joie à la mesure du service rendu
Si l'aumône de Carême a rendu service au Congo, tant mieux. Si ce service a été à la fois matériel et spirituel, deux fois tant mieux. Mais ta récompense ne sera pas à la mesure de ton ingéniosité. Il ne s'agit pas du Prix Nobel, ni du concours des Arts ménagers. Pâques c'est autre chose qu'une prime de rendement.
Cette joie pascale, fruit du Carême, elle naît au dedans de nous mêmes
- Si, pendant 40 jours, tu as arraché en toi une folle habitude, c'est une herbe folle de moins en ton âme, et c'est donc place nette pour le bon grain.
- Si, pendant 40 jours, tu as regardé l'immense misère de tes frères, alors tes propres jérémiades sur tes micro-soucis vont s'espacer : dans ce silence nouveau, tu entendras, enfin, la voix de Celui qui te parlait.
- Si, pendant 40 jours, tu ralentis ton imagination, si tu as balayé ton agitation, si tu as fait jeûner tes préoccupations, alors, comme dans une maison enfin calmée, en ton âme, c'est le Christ lui-même qui va entrer.
Pâques, c’est cela :
La lourde pierre roulée. Le tombeau, le tombeau du passé, dépassé. « Il vous précède en Galilée »[2]. il est en avant.
Il n'est pas à rechercher dans les bandelettes de l'archéologie. Il est présent demain, que ce soit mardi ou samedi. Il est là.
Nous sommes seuls, et les portes sont fermées : Il entre : « C'est moi ne craignez pas ».[3]
Nous sommes deux sur le chemin ? « Il fait route avec nous. »[4]
Nous sommes dans la foule ? Il se trouve au milieu et nous dit : « La paix soit avec vous. »[5].
Partout et à tout moment, c'est la découverte à faire : le feu nouveau commence au-dedans de nous. « A ce moment, leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent »[6]. Les yeux qui s'ouvrent, la présence du Christ reconnue, la charité qui brûle : c'est la véritable joie de Pâques.
Jean RODHAIN