Jean RODHAIN, « Le carnet de Sidoine », Messages du Secours Catholique, n° 136, décembre 1963, p. 2.

Le carnet de Sidoine

Question. - Le Secours Catholique est sectaire. Vous êtes intervenu à la Martinique pour le cyclone. Un cyclone semblable a dévasté Cuba : pourquoi ne faites-vous rien ? Pourquoi gardez-vous le silence ?

Réponse. - Primo. Il est facile d'embarquer en 24 heures du matériel sur un des avions réguliers pour la Martinique. Pour Cuba, aucun avion d'Orly ne dessert Cuba. Aucun navire français ne relie Le Havre à Cuba. Un seul avion part le lundi, mais de Prague, et il est complet. Il a fallu huit jours de démarches pour aboutir et faire parvenir le premier stock de médicaments-lait-vêtements d'enfants (valeur 4 millions A. F.).

Secundo. - Il serait malhonnête de lancer un appel pour obtenir des dons que l'on ne pourrait faire parvenir. Ce n'est qu'après avoir eu l'accord de l'Ambassade de Cuba à Paris, et après avoir obtenu son aimable intervention pour les transports, que nous pouvons, en toute certitude, maintenant annoncer : Pour les enfants sinistrés de Cuba, adressez vos dons à Secours Catholique, C. C. P. 5620-49 Paris, avec mention : Enfants Cuba.

Question. - Dans le dernier numéro de « Messages », il y a une allusion insistante en faveur d'une mesure d'amnistie pour les jeunes détenus. Pourquoi cette attitude politique ?

Réponse. - A la réunion du Conseil supérieur de l'Administration pénitentiaire présidée par M. le Garde des Sceaux le 28 juin dernier, M. François-Poncet, Président de la Croix-Rouge et Mgr Rodhain, Aumônier général des Prisons, sont intervenus. Tous les deux ont exposé la situation inquiétante des jeunes détenus trop nombreux dans des locaux trop restreints et tous les deux ont demandé pour ces jeunes, des mesures d'amnistie. Parmi ces détenus certains sont en prison pour leur complicité avec l'O.A.S, d'autres pour leur complicité avec le F.L.N. Les causes de leur détention n'ont été évoquées ni dans cette intervention, ni dans «  Messages ». Le seul motif avancé est leur jeunesse - où voyez-vous de la politique dans cette question d'âge ?

Quand Vincent de Paul plaidait pour ses galériens on ne lui demandait pas s'ils ramaient à droite ou s'ils ramaient à gauche. Sidoine pense qu'il est dangereux de mettre des étiquettes sur ceux qui travaillent, au risque de réserver l'auréole de l'impartialité à ceux qui sommeillent.

Sidoine