Deux conclusions
Jean RODHAIN, « Postface », in Charles KLEIN, 106 rue du Bac. Une tradition de charité, Paris, SOS, 1964, p. 91-92.
Deux conclusions
primo
Avec un seul fait on ne peut déduire des lois générales ni établir des prophéties.
Mais cet Hospice des Convalescents a surmonté mieux que tous les couvents, mieux que toutes les paroisses, les persécutions de la Révolution.
Il était né à l'époque des grands mystiques. Il s'est éteint à une période de piété confortable. Dès que la foi s'alanguit, le pauvre est oublié. Dès que le pauvre est découvert, reconnu, estimé et servi, la foi se creuse et s'illumine. Le mystère du Christ présent dans le pauvre pourrait se formuler dans une équation rigoureuse. Toutes les périodes de l'histoire de l'Église, les plus sombres et les plus vives le prouvent. Et dans l'histoire secrète des âmes on n'a jamais vu une conversion au Christ qui ne soit pas rigoureusement liée à une découverte du pauvre véritable.
secundo
Autrefois donc, ce 106 de la rue du Bac était consacré à la convalescence des pauvres sortant trop vite de l'hôpital.
Le problème de la convalescence des pauvres est‑il résolu dans notre société moderne?
L'hôpital moderne, aussi perfectionné soit‑il, ne souffre‑t‑il pas du même défaut que l'hôpital de l'ancien régime : le manque de place ?
Et pour « prendre » de nouveaux malades, n'est‑on pas contraint de remettre dans le « circuit de la vie moderne » des hommes et des femmes manquant encore des forces nécessaires, incapables de s'assurer un gain, voués à une rechute ?
La convalescence des « économiquement faibles » est‑elle assurée ?
Les Ponts et Chaussées ont un plan de cinq ans.
La S.N.C.F. aussi.
La charité des chrétiens a‑t‑elle un plan ?
L'archéologie d'un quartier est intéressante. L'Histoire est pleine de leçons. Mais l'actualité nous attend. Et, implacable, elle interroge chacun de nous.
Jean RODHAIN.