Pâques 64, c'est le Christ présent en 64
Jean RODHAIN, « Pâques 64, c'est le Christ présent en 64 », Messages du Secours Catholique, n° 139, mars 1964, p. 6-7.
Pâques 64, c’est le Christ présent en 64
(Une photo de procession avec le Cierge pascal)
Cierge pascal. Toute la paroisse assemblée autour de la flamme. Tous ensemble illuminés de la foi pour ensuite recevoir le pain et « faire ses Pâques ». Et solennellement entendre - en français désormais – l’oraison de Pâques :
« Répandez en nous, Seigneur, votre esprit de charité pour qu'après nous avoir nourris du sacrement pascal, votre amour paternel garde nos cœurs parfaitement unis »[1]. Cela est proclamé en français. Tout le monde comprend le français, bien sûr. « Parfaitement unis ». Formons-nous des clans ? ou des équipes ? – « Si deux ou trois sont réunis en mon nom, Je serai au milieu d'eux. » - Elle dépend de notre réunion la présence du Christ à Pâques 1964.
(Une photo de fleurs)
- Pâques. Printemps. Fleurs.
Jardin fleuri, c’est la vie qui revient. Fleurs de toutes couleurs : j'admire.
- Mais combien d'aveugles que ne réjouira jamais la vue d’une fleur. Est-ce que je pense à leur nuit ?
Combien de grands-mères à l'hospice qui attendent depuis cinq uns qu’un enfant leur apporte une fleur ?
Au fait, depuis quand date ma dernière visite à un malade dans un hôpital ? Si j'oublie mon frère malade, comment trouver Pâques et sa joie ?
- Combien de peuples au sol sans fleurs et sans fruits ? Leur faim ne dépend pas d'un colis, mais des institutions et des engrenages monstrueux pesant sur l’économie internationale. Est-ce que je me donne la peine d'étudier ces Encycliques qui, si les chrétiens les appliquaient, rendraient en 1964 le Christ de l’Évangile présent pour juger ce monde qui ne sait partager son pain...
(Une photo de cloches)
Carillon du matin de Pâques. Alléluia argentin qui réjouit tout le monde. Non, pas tout le monde.
Celui-ci a encore dons l’oreille ses cloches d’Orléansville et celles de la cathédrale de Constantine. Elles sont muettes à Pâques 1964.
A Fresnes et à la Santé, il n'y a pas de cloches. Et pas de carillon à Pâques.
A Marencourt-les-Potiers, le denier du culte est si mince qu'il n'y a plus de corde au clocher, ni de sonneur. Ni de curé, d’ailleurs.
C’est l'occasion d’y penser...
Emmaüs, le Christ n’a pas invité les disciples à souper. Ce sont eux qui eurent l’idée de l’inviter à l’auberge : « Reste avec nous, car il se fait tard. » Et ce fut le pain partagé, le signe compris et la divine confidence. Imaginez qu’après la route accomplie, à l’entrée d’Emmaüs, les disciples n'aient pas invité l’inconnu ou au repas. Il aurait continué se route, seul. Et les deux seraient restés, plus seuls encore. Il y a des occasions qui se perdent...
Une invitation, un partage, cela vaut parfois une certaine Présence. Les cloches de Pâques 1964, pour ceux qui partagent c’est Christ présent en 1964...
[1] Missel romain. Messe de Pâques, Oraison après la communion.