Sidoine répond aux lettres des lecteurs
Jean RODHAIN, « Sidoine répond aux lettres des lecteurs », Messages du Secours Catholique, n°141, mai 1964, p.11.
Sidoine répond aux lettres des lecteurs
Lettre 1
Dans ma rue, une concierge a été attaquée sauvagement par un voleur. Elle restera infirme toute sa vie. Le coupable est indiscutablement le voleur qui a avoué. Il est en prison pour cinq ans. Il l'a justement mérité. Vous parlez très bien du malheur qui s'abat pendant cinq ans sur la famille de ce prisonnier. Pourquoi ne parlez-vous pas du malheur causé par lui, et pourquoi escamoter la victime, infirme non pas pour cinq ans, mais pour toujours ?
Réponse :
Primo. - Votre exemple n'est pas unique. Il faut y associer toutes les autres victimes de crimes moins visibles. En prison pour escroquerie, l'escroc insolvable a ruiné pour toujours une centaine de familles. Cette escroquerie a donc des répercussions dramatiques pour des parents et pour l'avenir de centaines d'enfants.
Secundo. La ruine de ces familles, comme l’infirmité de la concierge ne dépendent pas de la captivité, mais de la criminalité. La cause n'est pas la prison, mais le crime. Le numéro de « Messages » était consacré aux prisons. Il fallait se limiter au prisonnier. Le jour où nous ferons un numéro spécial sur les crimes et les attentats, il faudra, non seulement un chapitre sur les causes du crime, mais un autre sur les conséquences du crime et l’indemnisation des victimes.
Lettre 2
Messieurs, cessez de m'adresser votre journal. Votre dernier numéro sur les prisons est abominable. Aucune pitié ne devrait être souhaitée pour les prisonniers. Si le couperet tombait sur chaque tête de coupable, la race en serait vite éteinte (sic), etc.
Réponse
En plus des abonnés réguliers (580.000), nous avions tiré à 690.000 exemplaires ce numéro spécial sur les prisons. Ces 110.000 numéros supplémentaires ont été épuisés en huit jours. Si ce numéro nous a valu trois lettres du style ci-dessus, par contre, il a provoqué des milliers de témoignages d'encouragement. Je n'en cite qu'un seul.
Je suis un industriel habitant N. Je m'occupe consciencieusement de ma famille, de mon usine et de mes ouvriers, ou tout au moins je cherche à le faire pour le mieux. Quant aux prisons, je n'y ai jamais songé.
Or j'ai siégé récemment en Cour d’assise comme juré. Dans l'affaire principale j’avoue que je n’aurais pas voté comme je l’ai fait si j’avais lu Messages avant d’entrer dans la salle des délibérations.
Continuez voire publication : cette information apportée à vos lecteurs est une forme trop oubliée de cette charité qui reste d'actualité.