Une certaine guirlande
Jean RODHAIN, « Une certaine guirlande », Messages du Secours Catholique, n° 141, mai 1964, p. 4.[1]
Une certaine guirlande
Le 31 mars 1954, création d'une Cité-Secours pour les Nord-Africains mise sous la protection de Notre-Dame : la Cité Myriam[2].
En la nuit de Noël 1954, ouverture, rue de la Comète, d'une Cité des Pauvres dénommée, en l'honneur de l'Année Mariale : Cité Notre-Dame.
Trois ans après, à deux pas de la Grotte de Lourdes, première pierre de la Cité-Secours entreprise pour que les Pauvres viennent plus nombreux auprès de Notre-Dame...
Huit ans après, rue du Bac, pour le Siège Social du Secours Catholique, on achète un quelconque bâtiment industriel. Dans les fondations on découvre la voûte d'une antique Chapelle : on apprend que ce lieu est un hospice fondé par un ami de Vincent de Paul et intitulé « Maison de la Charité Notre-Dame ».
Et dix ans après, en Jérusalem, dans le domaine même de cette autre Grotte où Sainte Anne mit au monde sa fille Notre-Dame, signature de la concession du terrain de Béthanie pour y héberger des pauvres de toutes religions sous le nom de Cité-Secours d'Abraham.
Or, ce jour-là, 22 avril, tout Jérusalem est en fête : c’est la grande festivité musulmane, la fête du Sacrifice d'Abraham.
Dans cet enchaînement des Cités-Secours, combien de nuits offertes ? combien de repas servis ? Ici, j'aime mieux ne pas compter car ce ne sont pas des chiffres qui marquent cette guirlande, ce sont des signes : les signes de Notre-Dame, son nom est marqué sur chacune de ces fondations.
Dans son « Magnificat », pour chanter Celui qui rassasiera finalement les pauvres, Notre-Dame n'évoque, parmi tout l'Ancien Testament, qu'un seul personnage. Et ce personnage, c'est justement Abraham. « Sicut locutus est ad patres nostros Abraham et semini ejus ». Abraham qui est le Père de tous les croyants : Abraham reconnu par les Juifs et les Arabes et les chrétiens à la fois. Abraham, le père des pauvres...
Visitant la Cité Notre-Dame, un ecclésiastique inquiet remarquant une des céramiques « Ave Maria » qui marquent les étages, me demande : « Ne pensez-vous pas qu'en effaçant ces signes religieux vous auriez un contact plus facile avec la masse ? ». Ce fut un éclat de rire général chez nos responsables justement envahis jusqu'au toit par la masse de ces 500 hommes de toutes races, de tous pays, de toutes religions.
Tous se sentent chez eux, parce que ce Secours s'il est Catholique ouvertement, est ouvert justement et largement et sans condition à toutes les pauvretés de toutes confessions.
Et puis aussi parce que, ainsi que l'avouait récemment un critique littéraire : « La Vierge du Magnificat demeure centre et rayonnement des plus divins paradoxes »[3].
AVE MARIA .....