Le carnet de Sidoine
Jean RODHAIN, « Le carnet de Sidoine », Messages du Secours Catholique, n° 192, décembre 1968, p. 2.
Le carnet de Sidoine
Question 1
- J'ai entendu dire que le Siège social du Secours Catholique à Paris comportait un grand nombre de bureaux. Est-ce vrai et est-ce vraiment nécessaire ?
Réponse :
Primo : Oui, c'est vrai.
Secundo : Venez voir et vérifier si ce travail est utile. Téléphonez à BAB. 21-19. Demandez service Accueil poste 396. Et nous nous ferons un plaisir de vous faire visiter tous nos bureaux. Vous pourrez vous rendre compte du travail vous-même...
Question2
- Au cours d’une escale, j’ai eu l’occasion de passer 24 heures dans une ville du Proche-Orient. Je n’ai pas eu du tout une impression de misère.
Réponse :
- Il y a des centaines de touristes conduits par les agences à un safari en Afrique ou à la visite des temples aux Indes, qui reviennent en France avec la même impression que vous. L’aéroport était vaste, la chambre d'hôtel confortable et au centre de la capitale le commerce animé.
Voilà le décor. Derrière le décor, Il faut prendre le temps de regarder la vie des hommes. Quittez le circuit touristique et laissez-moi vous mener dans un village quelconque de Palestine, du Vietnam ou de la Cordillère des Andes. Regardez cinq minutes leur unique magasin avec sa vitrine vide. Et comparez avec nos magasins de France à la veille de Noël...
Question 3
- Je conteste vos chiffres. Dans « Messages » de novembre, vous dites que chaque enfant Biafrais hébergé par vous ou Gabon vous revient à 15 F par jour. Or vos religieuses travaillent gratuitement et vos enfants sont hébergés gratuitement dans l’ancienne cathédrale de Libreville, donc cela ne devrait rien vous coûter.
Réponse :
- Si cette opération ne durait qu’un week-end, cela ne coûterait rien, en effet. Et dans les premiers jours d’improvisation, la cathédrale suffisait.
Mais dans une cathédrale, on ne peut pas pendant toute une saison soigner nuit et jour des centaines d'enfants malades.
Il faut construire de toutes pièces des Centres d’Accueil avec toutes les installations d’hygiène et de soins. Il faut trouver des aliments spéciaux pour des enfants à réalimenter par paliers. Et quand il s’agit de 1.000 enfants au cœur de l’Afrique, les frais d’avion ne sont pas négligeables. Résultat 15 F par jour n’est pas un chiffre exagéré : c’est un minimum.