L’envol de Concorde
Jean RODHAIN, « L'envol de Concorde.. », Messages du Secours Catholique, n° 195, mars 1969, p. 6.
L’envol de Concorde
L’envol de Concorde comme la fantastique régularité de la fusée Apollo tiennent à des milliers de mécanismes microscopiques nouveaux : il y a vingt ans, on n’aurait pas su fabriquer les ordinateurs dont les éléments minuscules ont permis les calculs impeccables de ces trajectoires parfaitement réussies.
Notre XXe siècle se termine par l’apothéose des infiniment petits. La physique nucléaire comme la médecine ont découvert l’existence des micro-organismes. La science et l’industrie ont appris à utiliser des micro-éléments transistorisés.
L’avion va plus vite parce que le radar voit plus loin : l’un et l’autre sont fonction d’instruments aux éléments microscopiques. Les centrales atomiques et les usines pétro-chimiques sont parties de laboratoires équipés de microscopes capables, au-delà des molécules du XIXe siècle, de pousser enfin jusqu’à l’atome lui-même. Nous arrivons à l’âge des grandes réalisations reposant sur des infiniment petits.
C’est une petite chose que d’apprendre à creuser un puits dans un village des Indes. C’est une très petite chose que de s’acharner à tracer le premier sillon dans une terre aride d’Afrique. C’est un travail minuscule que d’éveiller à la lecture et à l’écriture un enfant de la cordillère des Andes. Ce sont des réalisations microscopiques. Se résigner à un travail au ras du sol. Se limiter à beaucoup de très petites choses coordonnées : Micro-réalisations. C’était la méthode du grain de sénevé de l’Évangile. C’est aussi la méthode de l’âge atomique.
Dans cette méthode du petit grain de sénevé, la charité précède toutes les techniques.
Se consacrer aux infiniment petits, c’est la clef du développement, c’est la charité en avance de cinquante ans.
J. R.