Le carnet de Sidoine
Jean RODHAIN, « Le carnet de Sidoine », Messages du Secours Catholique, n° 219, mai 1971, p. 2.
Le carnet de Sidoine
Question 1
- Dans le dernier numéro de « Messages », page 1, colonne 2, à propos de la fille de Jaïr, on écrit : « Jésus guérit l’enfant mourante. »
Or, Il s'agit d'une résurrection. Est-ce que « Messages » veut minimiser systématiquement les miracles du Christ ?
Réponse
- Dans l'Évangile, il y a eu des miracles éclatants sur lesquels le Christ a voulu attirer l’attention de tous. Il y a eu des miracles discrets pour lesquels le Christ a réclamé le silence, comme s'il voulait minimiser sa puissance.
Ainsi pour Lazare, le Christ attend plusieurs jours après sa mort : les sœurs de Lazare lui font remarquer que la décomposition du cadavre est déjà commencée. Jam foetet. Et le Christ proclame : Lazare est mort (Jean XI, 14). Il semble qu'ici à la fin de son ministère, au début de la semaine de sa Passion, le Christ veuille faire un miracle éclatant : une incontestable résurrection.
Pour la fille de Jaïr, c'est le contraire. La famille croit à la mort de l'enfant : les pleureuses sont déjà là. Mais le Christ déclare : L'enfant n'est pas morte, mais elle dort (Marc V, 39). Et après le miracle, le Christ « recommanda instamment de n’en pas parler » (Marc V, 43).
Il y a donc ce jour-là un souci de minimiser. Il ne vient pas de « Messages ». Il vient des paroles du Christ. Un médecin légiste pourra dire qu'il a constaté la mort de l'enfant, puis son retour à la vie : il dira qu'il y a eu résurrection.
Un observateur attentif pourra écrire que le souci du Christ, en ce début de son ministère, n'a pas été de proclamer son pouvoir sur la mort, mais de manifester sa bonté délicatement. L'emploi du mot de « guérison » ne semble pas ici trahir la discrétion voulue par le Christ ce jour-là.
Question 2
- Sidoine dans « Messages » d'avril 1971, racontant ses souvenirs d'enfant de chœur, paraît regretter le temps où les enfants apprenaient « par cœur » des réponses lapidaires et des textes bibliques.
Par contre, dans une revue bien pensante, j'ai lu une vigoureuse critique des méthodes catéchétiques de jadis. Qui a raison ?
Réponse
- Je ne puis être à là fois juge et partie.
Je pense que dans mon enfance beaucoup de mots employés au catéchisme étaient trop abstraits. Je crois aussi que l'ensemble des chapitres n'étaient pas assez centrés sur l'Évangile et la personne du Christ. Aujourd'hui il y a progrès.
Par contre, jadis l'obligation d'apprendre par cœur avait l'avantage de former la mémoire. On apprenait à se souvenir. Et de cet apprentissage, toute la vie en bénéficiait.
Aujourd'hui l'enfant exerce ses muscles mais n'exerce plus sa mémoire : donc elle s'atrophie. Bien plus la télévision avec ses images rapides effrite la faculté d'attention exactement comme une meule d'émeri effrite un outil.
Interrogez aujourd'hui un enfant sur certains points qu'autrefois on apprenait avec précision au catéchisme : il vous répondra avec des à-peu-près, avec des mots inexacts, avec des notions floues. Sans mémoire, toute précision se perd.
Un ingénieur chimiste, un pharmacien qui ne saurait pas - par cœur - les formules élémentaires, serait un incapable.
Je crois à la nécessité d'exercer la mémoire.
Question 3
- Dans « Messages » de mars, page 1, colonne 3, on cite un livre sur une mission archéologique en Iran et on parle d'un jeune terrassier arabe auquel la mission a appris à compter. Je vous fais remarquer qu'en Iran les habitants sont des Iraniens (aryens) et non des Arabes (sémites).
Réponse
- Mme T. Ghirshmann, auteur du volume, a bien voulu nous écrire pour nous signaler notre erreur. Elle précise aussi que ce jeune terrassier iranien n'a pas seulement appris à compter mais a reçu d'elle pendant des années une instruction qui l'a mené ou niveau du baccalauréat.
Question 4
- A la page 4 du dernier numéro de « Messages », vous dites qu'en 1971 vous recevrez à la Cité-Secours de Lourdes 13.000 pèlerins ne pouvant payer l'hôtel. Bien. Et vous ajoutez, pour nous apitoyer, « cela nous fera 26.000 paires de draps à laver ». Dans une classe de certificat d'études on soulignerait à l’encre rouge cette erreur monumentale. Chaque pèlerin n’utilise qu'une seule paire de draps, Cela fait donc 13.000 paires ou 26.000 draps.
Réponse
- Vous avez raison. Cette histoire de paires, c'était un impair.
SIDOINE.