Le carnet de Sidoine - 71-12
Jean RODHAIN, "Le carnet de Sidoine", MSC, n° 225, décembre 1971, p. 2.
Le carnet de Sidoine
A l’occasion de la journée Nationale du S.O.S. le dimanche 21 novembre, à 10 h 30, l’émission de L’O.R.T.F. le « Jour du Seigneur » a consacré une excellente séquence à là Cité-Secours de La Briche. Après cette émission, nous avons reçu de nombreuses félicitations et quelques questions. Nous renvoyons les félicitations à l’équipe du « Jour du Seigneur ». Quant aux questions, nous laissons à Sidoine le soin d’y répondre.
Question 1
- Je me suis senti mal à mon aise en écoutant tous ces témoignages de femme « abandonnées par le père de leurs enfants ». Cette émission était inquiétante.
Réponse :
- Inquiéter : c’était justement le but de cette émission. L’injustice, ce n’est pas seulement la guerre du Pakistan ou le salaire insuffisant. Il commet une injustice celui qui abandonne sa femme et ses propres enfants. Cette injustice-là existe à deux pas de chez vous. C’est un des buts Secours Catholique de nous ouvrir les yeux sur la réalité. Tout le monde parle de justice. C’est très bien. Il suffit de passer une heure à La Briche pour mesurer combien d’hommes mettent femmes et enfants dans une situation injuste.
Question 2
- J’ai déjà entendu trente-six fois à la télévision évoquer des cas semblables de foyers détruits et d’enfants abandonnés. Cette émission évoque une seule maison avec à peine une poignée de pensionnaires et d’enfants. C’est très peu. Pourquoi le Secours Catholique ne lance-t-il pas dans toute la France une chaîne de cent maisons semblables : elles sont nécessaires.
Réponse :
- Elles sont nécessaires. Mais ce n’est pas le rôle du Secours Catholique d’équiper la France en réalisations sociales : c’est le rôle de l’État.
Jusqu’ici on tendait à héberger ces femmes en casant leurs enfants à l’Assistance Publique.
La Briche est un prototype : on y accueille la femme avec ses enfants.
C’est un gain pour la femme et pour les enfants de rester « ensemble ».
Ce prototype prouve que la solution est réalisable...
C’était le but de cette fondation.
Question 3
J’ai visité La Briche. C’est un cadre merveilleux. Je m’attendais à voir sur mon petit écran un panorama de ce parc de cent hectares ou bien une série de vues sur les ateliers de formation. Rien. Je le regrette.
Réponse :
Il y avait deux manières possibles de présenter cette Cité : décrire le cadre extérieur : mais ce cadre rustique et paisible, on le trouve aussi dans cent domaines d’Ile-de-France. Ou bien laisser entrevoir par les confidences, le sens et le but de cette fondation originale. C’est la deuxième formule qui a été préférée : elle soulignait l’essentiel de La Briche.
Question 4
Une des pensionnaires a déclaré qu’elle ne comptait pas rester à La Briche. Pourquoi avoir donné ce témoignage négatif ?
Réponse :
La Briche est un lieu de transit. Une fois l’orage passé et le calme retrouvé, il faut que cette femme retrouve son foyer. Il faut qu’elle puisse travailler et faire vivre ses enfants. La Briche n’a pas été construite pour que les femmes « y restent ». Ce n’est pas un asile pour vieillards.
Question 5
Quand la Directrice parlait pendant l’émission : on la sentait préoccupée d’un tas de problèmes et de trop de cas difficiles.
Réponse :
A ce poste, il n’y a que des cas difficiles.
Question 6
L’émission était très bien, mais je voudrait quelques chiffres.
Réponse :
En voici quelques-uns :
Superficie : 113 hectares.
Chambres d’adultes : 47.
Nombre d’enfants : en moyenne 35.
Nombre de bâtiments : 6.
Nombre de bâtiments en construction : 4.
C.C.P. : 5620-09 Paris.