La plus grande tristesse qui soit
Jean RODHAIN, "La plus grande tristesse qui soit", MSC, n° 231, juin 1972, p. 3.
La plus grande tristesse qui soit
Toute catastrophe est une tristesse. Mais quand on découvre dans une catastrophe la responsabilité des hommes, et surtout la responsabilité de ceux qui nous sont proches, le chagrin augmente.
● Quand un raz de marée submerge dans la nuit une province de ce qui fut le Pakistan Oriental, on compte par centaines de milliers ceux que le flot a noyés dans leur sommeil : ce sont des victimes innocentes d’un coup imprévisible.
● Quand une guerre civile répand une telle terreur que ceux qui s’enfuient devant les massacres dépassent 9 millions de réfugiés, on plaint ces femmes et ces enfants, entassés dans les camps autour de Calcutta : ce sont des victimes innocentes d’une guerre dont on connaît les responsables : leur culpabilité est une tristesse pour l’humanité entière.
● Quand, sans tribunaux, sans jugements, des séries entières d’étudiants, de familles, sont massacrées et leurs maisons pillées, on cherche s’il y a eu l’agression d’une armée ennemie, on découvre que ces victimes innocentes sont les victimes d’une querelle de famille. On s’aperçoit que cette famille est en majorité catholique. On constate que ce massacre dans un pays jusqu’ici d’une foi exemplaire, va devenir un scandale pour tant d’autres pays non chrétiens. Voilà pourquoi, pour nous, le massacre au Burundi est la plus grande tristesse qui soit.
Mais avant de juger les chrétiens du Burundi, souvenons-nous : De 1940 à 1945, quand depuis le Burundi ils ont vu les pays chrétiens d’Europe ensanglantés par les bombardements de Dresde et par les camps de Buchenwald, qu’ont-ils pensé de nos vieilles chrétientés ?
J.R.