Le carnet de Sidoine - 72-03
Jean RODHAIN, "Le carnet de Sidoine", MSC, n° 228, mars 1972, p. 2.
Le carnet de Sidoine
Question 1
- Dans la dernière page de « Messages », les cas Messages tarifés à 100 ou 500 F donnent l’impression qu’avec un chèque, on résout un problème. Or, ces cas réclameraient aussi une amitié, une présence humaine et des conseils.
Réponse :
- Primo : Sur 100 cas présentés, 60 % sont éliminés parce qu’ils peuvent se résoudre par un conseil ou une démarche auprès de la Sécurité Sociale.
Secundo : Les cas retenus ne sont jamais présentés par les intéressés. Ce sont des amis, des représentants du Secours Catholique, des assistantes sociales qui entourent ce « cas » de leur présence et de leur amitié, mais qui se rendent compte qu’il faut finalement une aide précise. Cette aide obtenue par la page de « Messages » n’est jamais adressée à l’intéressé, mais à ceux qui l’entourent.
Tertio : Ce mécanisme affectueux est tellement habituel que nous n’en parlons plus. Alors le nouveau lecteur risque de ne pas s’en rendre compte. Merci de nous l’avoir signalé.
Question 2
- On me dit que le service bénévole est un relent de paternalisme. On m’a affirmé que les lois sociales ont tout résolu. On prétend qu’à mon âge je ferais mieux de rester tranquille. On me persuade qu’en 1972 l’entraide est impossible. Que dois-je faire ?
Réponse :
Les géomètres et les ingénieurs avaient prétendu que cette rivière était impossible à franchir.
Tout le monde les crut et personne ne construisit donc de pont sur la rivière.
Un imbécile, un peu sourd d’oreille, n’ayant pas entendu la sentence des experts fit le pont. Et ce pont tient bon depuis mille ans.
Il est bon d’être parfois un peu sourd d’oreille...
Question 3
Je venais de terminer, le lecture d’un livre récent qui ridiculise les parents de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et je trouve dans le dernier numéro de « Messages » une page évoquant la belle figure de Mme Martin. Est-ce par hasard que Solesmes a rendu justice à cette famille ?
Réponse :
Non ce n’est pas par hasard. Moi aussi j’ai lu ce livre consacré aux poussières de placards et aux raclures de tiroirs d’une brave famille française. Aussi arrivé à la dernière page, j’ai téléphoné, moi Sidoine, à ma chère amie Elisabeth Solesmes pour lui demander une pincée d’air frais.
Question 4
Savez-vous, cher Sidoine, que nous sommes nombreux à vous admirer et qu’après avoir lu vos réponses vinaigrées, nous chantons parfois vos louanges.
Alors deux questions :
Primo : Est-ce que vous nous entendez ?
Secundo : Si vous deviez un jour vous retirer sur une île déserte, qui choisiriez-vous pour vous accompagner ?
Réponse :
Primo : Je ne vous entends pas : je suis sourd comme 3 pots.
Secundo : Je choisirais mon bon chien.
Question 5
Le bruit, court que les typographes de « Messages » ont demandé une bénédiction pontificale. Est-ce exact ?
Réponse :
C’est inexact. Ils n’ont absolument rien demandé.
Mais, en recevant Mgr Rodhain en audience privée le 29 janvier, le Pape Paul VI lui a longuement parlé de l’importance du réseau de charité. Ce qui a provoqué l’éditorial du dernier « Messages ». Au moment de la mise en page, on a demandé aux typos un tirage sur beau papier pour Paul VI. Et aussitôt la Secrétairerie d’État a écrit à « Messages » que « le Saint-Père a été particulièrement sensible à la délicate attention des typographes qui ont pris soin de tirer une épreuve spéciale de cet éditorial pour lui en faire l’hommage. Ne font-ils pas partie, eux aussi, de ce réseau de dévouements anonymes et trop souvent méconnus, sans lequel pourtant votre journal ne pourrait pas porter jusqu’à nous les multiples appels qui nous sont adressés ? Vous serez donc heureux, j’en suis sûr, de leur transmettre, avec les remerciements et les encouragements du Souverain Pontife, sa paternelle Bénédiction Apostolique pour eux eux-mêmes et ceux qui leur sont chers ».