Le carnet de Sidoine - 73-04
Jean RODHAIN, "Le carnet de Sidoine", MSC, n°240, avril 1973, p. 2.
Le carnet de Sidoine
Question 1
- J’ai entendu la semaine dernière une conférence sur la sécheresse en Afrique. On y a exposé que la France est en partie responsable de cette catastrophe parce que pendant la période coloniale, nous n’avons pas travaillé ou développement de ces régions. Que faut-il en penser ?
Réponse :
- Votre conférencier est un âne. Les phénomènes climatiques : cyclones, raz de marée, pluies et sécheresses ne sont pas réglés depuis Paris. Nous avons fait assez d’erreurs pour qu’on ne nous impute pas, en plus, les vents qui soufflent ou les nuages qui crèvent.
Il suffit de séjourner en Afrique et en Orient pour retrouver la trace des aqueducs romains qui irriguaient des régions alors fertiles. Ce n’est pas la France qui a détruit ces aqueducs. Les colonisateurs ont replanté des millions d’arbres : qui donc a incendié tant de ces jeunes plantations ? Dans cinq ou six siècles les historiens pourront, avec le recul du temps, porter un jugement sur le bilan du colonialisme. Mais s’il pleut trop ou pas assez en tel point du globe, de grâce ne me désignez pas comme coupable de la marche des nuages.
Question 2
- Le pays le plus proche de la zone dévastée par la sécheresse, c’est la Libye. C’est aussi le pays le plus riche d’Afrique en raison de ses puits de pétrole. Je voudrais savoir quelle est la contribution versée par la Libye pour ces populations sinistrées ?
Réponse :
- Je suis comme vous : je voudrais bien le savoir.
Question 3
- Enfant, j’ai jadis participé dans mon village aux processions des Rogations. Nos braves cultivateurs sachant parfaitement que leurs récoltes futures dépendaient du soleil et de la pluie priaient le Créateur, maître de la chaleur et de l’eau. Et leur cortège grondant les vieilles litanies parmi les labours chante encore dans mon cœur.
Pourquoi le Secours Catholique lorsqu’il nous parle des sécheresses d’Afrique reste-t-il muet sur ce point comme le pire des païens ? J’ai lu dans une Semaine Religieuse l’affreuse citation : « Hier les Rogations, aujourd’hui l’irrigation. » Seriez-vous devenus paganisés ? Ai-je tort ou raison de prier le Ciel ?
Réponse :
- Vous avez cent fois raison.
Question 4
- Autour de moi on parle beaucoup de ces deux journalistes italiens qui sont allés, un magnétophone à la main, s’accuser dans les confessionnaux. Je trouve curieux qu’ils ne s’accusent ni de péchés contre la justice, ni contre la charité, mois uniquement contre le sixième commandement : ce sont donc des obsédés sexuels. Mais je trouve contraire à la charité de les avoir excommuniés. Qu’en pensez-vous ?
Réponse :
- Tout le monde admet qu’un parti politique exclue celui de ses membres qui manque à la discipline électorale. L’autorité n’existe que si elle sait faire acte d’autorité. L’historien Alain Decaux dans le dernier numéro du « Journal du Dimanche » intitule son article : « Avec respect je dis : Bravo Paul VI », et il voit dans cet exercice de l’autorité une preuve de la vitalité de l’Église. Sidoine ose penser exactement comme Alain Decaux. Et il ajoute que défendre le secret de la confession c’est réellement faire acte de charité envers nous tous, pauvres pécheurs.