Le carnet de Sidoine - 74-03
Jean RODHAIN, "Le carnet de Sidoine", MSC, n° 250, mars 1974, p. 2.
Le carnet de Sidoine
Question 1
- Ces réfugiés dits « chiliens » ne sont pas reçus dans leur pays d’origine qui les considèrent comme « indésirables ». Je désapprouve le Secours Catholique de consacrer son temps et une partie des dons reçus à des gens aussi colorés politiquement. Je serais curieux de savoir si je suis le seul à protester ?
Réponse
- Vous n’êtes pas le seul : nous avons reçu cinq autres lettres de protestation. Par contre des centaines de lecteurs ont envoyé des mandats spécialement pour l’aide à ces réfugiés.
C’est en effet un devoir essentiel du Secours Catholique d’aider une famille en détresse, sans jamais tenir compte de ses options politiques.
Question 2
- A l’entrée du square Boucicaut (angle de Ia rue de Sèvres et du Boulevard Raspail) se dressait un imposant monument évoquant Mme Boucicaut, fondatrice du Bon Marché. « Messages », il y a quelques années, ayant ironisé sur le style « maternaliste » de cette sculpture, plusieurs lecteurs ont protesté en rappelant les œuvres sociales fondées par Mme Boucicaut. Or cet important monument a disparu. Sidoine est-il responsable de cette disparition et peut-il nous renseigner sur le sort de cet ensemble ?
Réponse
Primo : Sidoine est, cette fois, innocent : il n’est pour rien dans cette disparition qui s’est produite au moment de la construction d’un parking souterrain.
Secundo : après de nombreuses recherches, Sidoine a retrouvé le monument de Mme Boucicaut. Il est entreposé dans un immense capharnaüm constitué par le « Dépôt des collections municipales de la ville de Paris », situé au numéro 9 de la rue La Fontaine (XVI°).
Question 3
- Dans la notice éditée pour la Journée Nationale du Secours Catholique, on publie le sommaire d’une brochure de Ch. Klein sur les Microréalisations. Or ce sommaire est inexact, car il escamote les chapitres IV et V sur l’avenir de ces « rampes de lancement du développement ». Peut-on connaître les motifs de cette censure ?
Réponse
- Il n’y a -pas eu de censure, mais manque de place ; c’est l’unique raison qui a empêché de reproduire intégralement la table des matières de ce document auquel les récentes orientations de la F.A.O. donnent une grande actualité (envoi par poste contre 14,65 F - Ed. S.O.S. - 106, rue du Bac).
Question 4
Je suis scandalisé de voir dans les poubelles de restaurant, ou dans les compartiments de chemin de- fer, tant de morceaux de pain gaspillés. Jadis on avait le respect du pain. Est-ce que je retarde ? Qu’en pense Sidoine ?
Réponse
- Sidoine ne pense pas : il calcule. Il compte que si chaque Français fait le même geste de jeter à la poubelle seulement 100 grammes de pain, cela fait chaque fois cinq millions de kilos, soit 5.000 tonnes de pain, soit 500 camions de 10 tonnes, donc de quoi nourrir 60.000 enfants indiens pendant un an.
Une part, une parcelle, ce n’est rien pour un négligent : c’est énorme pour une communauté.
Le partage commence par l’estime de la parcelle...
Question 5
- Soucieux de notre santé en même temps que de nos frères qui ont faim, ma femme et moi nous nous abstenons régulièrement de nourriture un jour par semaine et envoyons la somme ainsi économisée (20 F) pour la nourriture des enfants du Sahel. Cela correspond, paraît-il, à l’alimentation permanente de deux enfants. Cette formule ne met pas en péril notre budget familial et elle nous fait comprendre le partage... Que pensez-vous de cette formule ? Et peut-elle se généraliser ?
Réponse
Le cœur est une source d’inventions continuelles. Sidoine est émerveillé de tout ce que chacun sait inventer au service des autres. Mais une formule de ce genre n’a de prix que si elle est décidée en famille, spontanément.