Peut-on prévoir les tremblements de terre ?
"Peut-on prévoir les tremblements de terre ?", MSC, n°271, mars 1976, p.2.
Peut-on prévoir les tremblements de terre ?
Personne n’avait prévu le terrible tremblement de terre du Guatemala. C’est pourquoi on attendait avec curiosité la Conférence Internationale sur les risques sismiques convoquée à l’U.N.E.S.C.O. du 10 au 19 février dernier.
Provenant d’une centaine de pays , des spécialistes, des géologues et des architectes ont confronté leurs études et leurs expériences sur les précautions à prendre en vue de diminuer les risques causés par les tremblements de terre, qu’il s’agisse d’habitations, de barrages hydrauliques ou de centrales nucléaires.
La question de la prévision des séismes a été étudiée avec modestie : jusqu’ici aucune méthode n’a été efficace. Seule l’intervention de la délégation chinoise a fait sensation.
Avec des diapositives, des diagrammes et des chiffres, cette délégation exposa les méthodes de prévision appliquées dans la province de Liao-Ning située à 600 km au nord-est de Pékin. Ces méthodes permirent d’annoncer à l’avance une secousse sismique prévue pour le 4 février 1975. Cette secousse d’une grande intensité fit des dégâts matériels considérables, mais il n’y eut aucune victime, car la population, avertie à l’avance, avait pu évacuer tous les bâtiments.
Comment était-on arrivé à cette exactitude absolument nouvelle dans la prévision ? Par deux procédés. D’abord la mise en place de nombreux instruments scientifiques enregistrant les vibrations, les variations du magnétisme, etc. Mais aussi pendant deux ans tout un réseau d’observation avait été implanté. Autour des commissaires du peuple, un réseau rattaché au parti se ramifiait dans chaque village, dans chaque ferme. Ces milliers de délégués devaient observer – et noter - de multiples détails : les variations de température des sources, le niveau d’eau dans les puits, le comportement des serpents, des souris, des insectes, des animaux domestiques. C’est d’après l’énorme ensemble de ces observations qu’il fut possible de préciser l’échéance du tremblement de terre.
Cette communication chinoise fit sensation. Un assistant demanda si, en d’autres provinces, la méthode avait été appliquée, et quel était le pourcentage d’échecs. Aucune réponse ne fut fournie.
On s’est donc trouvé en face d’une expérience intéressante, mais qui n’a été efficace que grâce à un réseau rigoureux et à une population très embrigadée.
J. R.