L'engagement des jeunes en difficulté. Enquête 2014
Ce dossier propose de contribuer à la compréhension des jeunes en difficulté et en privilégiant une conception large de ce qu’elle recouvre. Ce double parti pris résulte d’un constat de la faiblesse des travaux de recherche s’intéressant de près à l’engagement de ces jeunes, mais aussi d’une tendance à adopter une vision traditionnelle de l’engagement en le référant aux champs politique et civique, alors que les registres de qualification des pratiques n’en relèvent pas nécessairement ou s’agencent avec des registres plus personnels. Ainsi, concernant les jeunes en difficulté, le fait qu’ils soient moins fréquemment adhérents, bénévoles ou militants que des jeunes plus favorisés, c’est-à-dire moins inscrits dans des formes d’engagement repérées et repérables, conduit à les considérer comme nécessairement désengagés et à renforcer au passage leur position d’acteur faible. Il est vrai que la figure du jeune en difficulté est plus fréquemment associée à une posture de désengagement volontaire ou contrainte ou à une posture d’engagement problématique pour les institutions et les professionnels. Cette figure renvoie à des positions objectives et subjectives hétérogènes, changeantes et aux conséquences plus ou moins graves sur les parcours individuels qui témoignent de la tension croissante entre les normes de passage à l’âge adulte et les ressources et les opportunités pour s’y conformer. De plus, le fait que des initiatives associatives et communautaires et des dispositifs publics dans les secteurs de l’éducation, de la jeunesse et de l’intervention sociale visant à mobiliser les jeunes en difficulté et à les faire participer soient développés témoigne d’une tendance à modifier les modalités de prise en charge ou d’accompagnement des jeunes. Cette évolution mérite une attention particulière en ce que ces modalités promeuvent des normes d’engagement et appelle une analyse de leurs présupposés sociaux, des normes d’action qui soustendent leur élaboration et leur mise en oeuvre et de leurs articulations avec les difficultés des jeunes. Adopter une perspective transversale aux secteurs d’action publique ou aux mondes professionnels, non réductible à l’engagement politique et civique, permet de renouveler le regard porté sur l’engagement en général et sur celui des jeunes en difficulté, en particulier. Les sept contributions retenues pour ce dossier croisent ainsi les perspectives d’analyse du rapport à l’engagement des jeunes en difficulté et des pratiques qui en résultent : quatre portent sur des mouvements sociaux et des collectifs et trois, sur des dispositifs publics dans le secteur social.
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