"La charité : une pratique" par Mgr Jean-Charles Descubes, président de la Fondation Jean Rodhain
A l’initiative de l’Assemblée générale des Nations Unies, depuis 2013, une Journée internationale de la charité est officiellement célébrée chaque année le 5 septembre à la date anniversaire de la mort de Mère Teresa.
Elle est l’occasion de faire écho aux nombreuses initiatives prises par les organisations caritatives qui agissent auprès des personnes fragiles ou en situation de précarité dans tous les pays du monde.
La charité est l’honneur de l’humanité. Son histoire est jalonnée des initiatives prises par celles et ceux dont les noms et le souvenir demeurent des références, Vincent de Paul, Frédéric Ozanam, Jean Rodhain, Sœur Emmanuelle en France mais aussi combien d’autres, anonymes d’hier et d’aujourd’hui, salariés et bénévoles, pour qui la vie ne se conçoit pas sans donner aux autres, et, grâce à qui, même dans les situations les plus extrêmes et apparemment sans issue, l’espérance reste possible. En ce domaine les plus pauvres sont souvent les plus inventifs. Les initiatives prises lors des récents confinements, en particulier par des jeunes, montrent que la charité est actuelle, capable de s’adapter en fonction des circonstances et des situations sociales.
En faisant naître et se développer une amitié sociale, pour reprendre une expression du pape François, la charité contribue à éliminer la pauvreté et à construire la paix.
Elle s’exprime dans des attitudes, des actions et des œuvres, des processus de contrôle pour s’assurer que les fonds et les ressources données parviennent bien aux destinataires. Les formes et les exercices de la charité évoluent mais l’attitude fondamentale reste la même. La charité est avant tout une pratique qui suppose que les autres soient reconnus pour eux-mêmes. Elle nous construit également. Nous avons tous besoin les uns des autres pour être nous-mêmes et vivre pleinement.
Sa pratique demande de ne pas se replier sur soi-même et de voir au-delà de ses seuls intérêts particuliers. Elle change les manières de penser et convertit les cœurs. Elle accepte de s’exposer, de ne pas vouloir tout contrôler.
La charité n’est pas sans risque. L’actualité l’a une nouvelle fois rappelé cet été avec le meurtre du Père Olivier Maire guidé sa vie durant par l’exigence de la charité. Comment ignorer aussi l’engagement de celles et de ceux qui prennent le risque de se mettent hors la loi ou s’affranchissent des réglementations pour venir en aide aux plus fragiles ?
Lors de son dernier discours que rapporte l’évangéliste Matthieu (Mt 25, 31-46), Jésus, peu avant sa Passion, laisse entendre que c’est notre capacité à reconnaître sa présence dans celles et ceux qui nous entourent et en particulier dans celles et ceux qui connaissent des situations difficiles qui nous fait exister en vérité.
Cette pratique de la charité rejoint la pratique de Dieu dont saint Jean écrit dans sa Première lettre que la charité est son Nom (1 Jn 4, 16).
Là trouve son fondement la Révolution fraternelle que le Secours Catholique Caritas France appelle de ses vœux.
Pratiquer la charité c’est faire sienne la pratique de Dieu.
Jean-Charles Descubes
Président de la Fondation Jean Rodhain