Comment le projet national du Secours catholique Caritas France donne-t-il l'occasion de penser et agir à partir de la parole des pauvres ?
Contribution à la réflexion sur les fondements théologiques du
Projet national et projet associatif du Secours Catholique Caritas France 2016-2025 : Ensemble, construire un monde juste et fraternel.
Comment ce projet donne-t-il l'occasion de penser et agir à partir de la parole des pauvres, de se mettre à l'école des pauvres selon l’invitation du pape François (EG 198) ?
A la lecture du projet du SC pour 2016-2025, certaines sections ouvrent particulièrement des pistes pour penser et agir à partir des plus pauvres et de leur parole :
Dans le projet associatif :
Vision de la société : « Le défi urgent de sauvegarder notre maison commune inclut la préoccupation d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer. » Pape François, Laudato si’, n°13 et les trois premiers tirés.
Principes d’action : Agir avec les personnes qui vient la pauvreté.
Dans le projet national 2016-2025 :
Changements visés pour transformer la société :
1. Les savoirs : Les savoirs des personnes et des groupes en précarité sont reconnus et partagés pour créer des connaissances et pratiques nouvelles.
Stratégie globale :
1. Le pouvoir d’agir : Renforcer le pouvoir d’agir des personnes et groupes en précarité.
4. La diaconie : Vivre la diaconie avec les communautés chrétiennes pour transformer la société.
Changements internes :
1. Une organisation apprenante : Développer une culture d’apprentissage en réseaux.
Cela signifie que dans chacune des parties du document, l’orientation pour l’accueil et la prise en compte de la parole des plus pauvres est présente.
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La lecture attentive de ces passages m’a conduite, de manière transversale par rapport aux différentes sections du projet su SC, à trois questions :
1) Plusieurs sections évoquent un savoir spécifique des très pauvres, une pensée propre. Il serait important de s’interroger sur quel type de savoir veut être mis en avant pour le projet du SC et de préciser si cette compréhension du savoir des très pauvres se retrouvent dans d’autres écrits ecclésiaux (par ex : EG, discours du pape, prises de parole de Place et parole des pauvres).
2) Plusieurs passages font percevoir un enjeu de co-formation et une visée de transformation du lien social. Il serait bon de préciser comment fonder un tel enjeu et une telle visée, en particulier dans la manière dont Jésus forme ses disciples et impulse le Royaume, et de s’interroger sur la compréhension du lien social qui est remise en cause par ce projet.
3) Enfin, concrètement, comment est pensé la mise en œuvre de cette mutation du regard sur les très pauvres et du lien social ? Quelle façon de penser la transformation ecclésiale et sociale ? Quels leviers sont envisagés ? Dans quelle mesure font-ils écho aux pistes ouvertes par le pape François dans EG et dans le message pour la journée mondiale des pauvres ?
Je dis quelques mots sur chacune de ces questions. Sans prétendre en faire le tour, je voudrais plutôt ouvrir des pistes de réflexion sur des fondements théologiques.
1) Quel type de savoir des pauvres veut-on mettre en avant avec le nouveau projet du SC ?
En effet, ce n’est pas si évident de penser que les plus pauvres ont un savoir spécifique, une pensée propre, une forme de magistère qui serait indispensable à l’élaboration du vivre ensemble en société et en Église.
On pourrait d’abord souligner que le type de savoir envisagé n’est pas un savoir spéculatif ou érudit, au sens de livresque, académique. C’est un savoir expérientiel. La section sur les savoirs du projet national dit : « Les personnes et les groupes vivant des situations de précarité disposent de savoirs issus de leur culture et de leur expérience de vie. » C’est leur expérience singulière de vie et leur milieu, leur culture propre qui les fait accéder à certains savoirs. En cela, on est bien dans la ligne du renouveau théologique du XXe siècle qui voulait mettre à l’honneur l’expérience, la réalité vécue, pour penser la théologie et la vie ecclésiale.
C’est Edward Schillebeeckx qui, à partir de 1974, introduit la notion d’expérience dans la réflexion théologique. Le dominicain belge relève que le langage spéculatif dans lesquels la foi chrétienne a pris l’habitude de s’exprimer est difficilement accessible à nos contemporains. Face à cette prise de conscience, Schillebeeckx opère un retour à l’Écriture et s’engage dans une réflexion sur l’expérience humaine[1]. Sa visée est d’exprimer la foi chrétienne « dans un langage humain normal, le langage de la rencontre et de l’expérience et avant tout dans le langage des symboles, du témoignage et du récit »[2].
Le projet se situe donc dans cette ligne théologique.
Par ailleurs, on trouve, dans plusieurs paroles du magistère pontifical, l’évocation d’une expérience singulière des très pauvres qui leur donne accès à un savoir spécifique.
Dans Evangelii gaudium n° 198, le pape François indique un savoir spécifique des pauvres :
« (Les pauvres) ont beaucoup à nous enseigner. En plus de participer au sensus fidei, par leurs propres souffrances ils connaissent le Christ souffrant. […] La nouvelle évangélisation est une invitation à reconnaître la force salvifique de leurs existences, et à les mettre au centre du cheminement de l’Église. Nous sommes appelés à découvrir le Christ en eux, à prêter notre voix à leurs causes, mais aussi à être leurs amis, à les écouter, à les comprendre et à accueillir la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux. » (EG 198)
L’expérience singulière des très pauvres est « leurs propres souffrances », « leurs existences ». Le savoir spécifique qu’ils reçoivent de cette expérience est décrite comme « une connaissance du Christ souffrant », « une force salvifique », « la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux ». Donc quelque chose de l’ordre d’une entrée dans le mystère du salut par la croix, d’une rencontre avec le Christ souffrant. Aussi le pape appelle à « valoriser le pauvre dans sa bonté propre, avec sa manière d’être, avec sa culture, avec sa façon de vivre la foi » en EG 199.
En juillet 2016, dans son discours adressé à Siloé, un groupe de chrétiens du Quart Monde vivant de la spiritualité du Père Joseph Wresinski, le pape François a dit :
« Vous êtes venus en vous portant les uns les autres. Les uns en vous aidant généreusement, en offrant de leurs ressources et de leur temps pour vous faire venir ; et vous, en leur donnant, en nous donnant, en me donnant Jésus lui-même. […] Au cœur de l’Église, vous nous permettez de rencontrer Jésus, car vous nous parlez de lui, non pas tant par les mots, mais par toute votre vie. » (Discours pape François à Siloé, 2016)
Selon ce que dit ici le pape, la contribution particulière des plus pauvres est de faire rencontrer Jésus, de donner Jésus lui-même. C’est assez impressionnant de percevoir que ce n’est donc pas un savoir qu’ils transmettent, mais la personne même de Jésus. Le pape précise qu’ils donnent Jésus par toute leur vie.
Comment caractériser leurs vies ? Quelle expérience spécifique ? Ce n’est pas toujours facile à préciser, en particulier face aux nombreuses personnes qui disent « on est tous pauvres ». Il est bien important de questionner cette assertion et de souligner la réalité spécifique vécue par les plus pauvres. Nous en avons un écho de la bouche même des personnes concernées à travers le groupe « Place et parole des pauvres », réuni dans le cadre de Diaconia 2013 : servons la fraternité. Le groupe indiquait dans son texte du 14 janvier 2012 :
« Tout le monde a ses souffrances, ceux qui ont de l’argent, comme ceux qui n’en ont pas. Mais ce n’est pas vrai qu’ils ont la même vie que nous : dormir dans la rue ; avoir peur quand on attend un enfant que l’assistante sociale vienne pour le prendre et le placer ; avoir la honte parce qu’on est humilié par le regard. Tout le monde ne le vit pas. Tout le monde n’est pas pauvre. » (PPP, 14 janvier 2012)
On repère donc qu’il s’agit d’une vie marquée par la précarité extrême allant jusqu’à l’absence de refuge, et d’une vie marquée par la peur, la honte et l’humiliation. Donc une expérience singulière qui fait advenir à un savoir particulier, c’est d’abord cela que vous voulez aider à faire émerger, recueillir, et porter sur la place publique.
Regardons une deuxième question.
2) Je disais que votre projet laisse percevoir un enjeu de co-formation et une visée de transformation du lien social.
D’abord, votre projet questionne et remet en cause une certaine vision du lien social. Disons, pour faire court, une vision libérale du lien social insistant sur l’autonomie des individus[3].
Aujourd’hui, en occident, l’autonomie est comprise comme une capacité à se gouverner soi-même, à agir de soi-même et par soi-même, en se libérant de ses dépendances à l’égard de son environnement social. L’autonomie est alors synonyme d’indépendance. L’image de l’homme, héritée des traditions kantienne et libérale anglo-saxonne, est « celle d’un individu indépendant, rationnel et volontaire, capable de penser par lui-même et maître de son destin »[4]. Cette lecture est liée à des « conceptions atomistes de l’individu selon lesquelles nous devenons des sujets autonomes, et nous maintenons comme tels, sans l’aide d’autrui »[5]. Ce modèle anthropologique privilégie une approche de l’homme en termes de rationalité, d’efficacité, de performance. Votre vision du monde, votre désir de solliciter la contribution de tous, sans oublier les pauvres, et votre manière d’envisager l’émergence des idées et des façons de faire à partir de l’échange et des interactions s’écartent assez fermement de cette perspective anthropologique et sociale.
Donc la première chose que l’on peut relever, c’est votre remise en question de cette manière de penser et vivre le lien social.
Ensuite, on pourrait se demander ce qui inspire et fonde votre manière de chercher la contribution de tous pour faire société. Je relis une phrase de la section « 1. Les savoirs » :
« Les personnes et les groupes vivant des situations de précarité disposent de savoirs issus de leur culture et de leur expérience de vie. Ces savoirs sont méconnus voire méprisés. Or leur prise en compte est fondamentale pour lutter efficacement contre la misère et l’exclusion. La reconnaissance et le partage de ces savoirs avec d’autres acteurs permettent à chacun de prendre une part active dans la transformation de la société et nous aident, collectivement, à grandir en humanité. »
Une autre phrase issue de la section : « 1. Le pouvoir d’agir » :
« Nous sommes plus forts et notre action solidaire a plus de sens lorsque nous agissons avec les personnes en précarité. C’est également vrai lorsqu’il s’agit de penser : là encore, nous avons besoin du point de vue et de l’analyse des personnes en précarité pour penser ensemble. Il est donc indispensable de favoriser leur participation dans les instances de réflexion et de décision du Secours Catholique, de l’Église et de la société. »
En lisant ces deux passages, c’est le jeu entre différents acteurs du récit évangélique qui m’est venu à l’esprit. Je m’explique. Dans le récit de Marc, à partir de la profession de foi de Pierre en Mc 8, 29 jusqu’à l’entrée dans Jérusalem en Mc 10, 52, Jésus est en train de former plus directement ses disciples[6]. On peut observer durant cet itinéraire deux types de personnages :
- d’une part, les disciples qui suivent Jésus sur le chemin : avec leurs pieds et leur choix de marcher à sa suite, ils sont disciples c’est bien clair, mais ils sont particulièrement maladroits pour entrer dans son style relationnel et sa manière d’envisager le Royaume[7], ils ne comprennent pas, ils sont dans la stupeur et effrayés par ce chemin à la suite de Jésus (Mc 10,32). Dans plusieurs récits, ils font barrage entre Jésus et les plus pauvres, mais sur la parole de Jésus, ils sont transformés, retournés, passant d’agents de déliaison sociale et d’exclusion, à relais de l’appel de Jésus, amplificateurs de l’hospitalité de Jésus, artisans d’un corps social en alliance. Que l’on pense par exemple à la foule des disciples à la sortie de Jéricho qui tance Bartimée pour le faire taire et le maintenir à distance de Jésus. Cette même foule, suite à la parole de Jésus « appelez-le », s’arrête, se tourne vers ce très-pauvre, se fait instrument de relèvement et d’encouragement : « confiance, lève-toi, il t’appelle ».
- d’autre part, des personnages qui entrent dans le récit comme des météorites, ce sont des pauvres qui sont à toute extrémité, désespérés, à bout de recours. Etienne Grieu les appelle « les suppliants »[8], car tout leur être est recueilli dans ce cri immense et ultime qu’ils adressent à Jésus pour qu’il les sauve. On peut penser à la femme syro-phénicienne suppliant pour son enfant (Mc 7, 24-30), au père de l’enfant épileptique désespéré que les disciples n’aient rien pu faire et qui s’abandonne à Jésus (Mc 9, 24), ou encore à l’aveugle mendiant à l’entrée de Jéricho Bartimée, le fils de Timée (Mc 10, 46-52). Ces personnages n’ont plus rien à perdre : déjà la misère, la maladie, l’exclusion sociale et religieuse leur ont tout arraché. Contrairement aux disciples, on ne les voit pas paralysés par la peur ou la stupeur, mais ils ont une audace déconcertante, une liberté pour aller vers Jésus, aller à la suite de Jésus. Comment cela se fait-il ? Il me semble que la grande différence, c’est que ces personnages, et c’est particulièrement net avec Bartimée, savent ce qu’est l’humiliation, la croix, la souffrance dans son corps, l’expérience du rejet de la communauté humaine et croyante. La croix a été leur quotidien depuis des années. Ils n’ont vraiment plus rien à perdre. Ils ont confiance que Jésus ne peut que les mener vers plus de lumière, plus de vie. Ces très-pauvres sont ainsi les figures du vrai disciple dans le récit de Marc, ils montrent le chemin et stimulent les disciples ordinaires sur le chemin de la suivance de Jésus.
C’est ainsi dans le jeu entre ces deux types de personnages que peu à peu le récit de Marc met en lumière ce qu’est la suite du Christ, ce qu’est devenir disciple, et ce qu’est le type de corps social en alliance qu’appelle Jésus[9].
Il me semble qu’avec votre projet, vous cherchez à vous inscrire dans ce type d’interactions évoquées par Marc entre les disciples ordinaires et les très pauvres, qui permettent aux uns et aux autres de passer de l’exclusion, à une marche ensemble sur le chemin de la vie, chacun apportant sa contribution à la croissance commune.
Achevons par quelques réflexions sur la troisième question.
3) Comment sont pensées la mise en œuvre de la mutation du regard sur les très pauvres et la transformation du lien social ? Quels moyens, quels leviers sont envisagés ?
Votre projet veut travailler à une mutation du regard sur la parole des très-pauvres. Vous dites dans la section « 1. Les savoirs » que cette parole est « méconnue voire méprisée », et que vous la reconnaissez comme « fondamentale pour lutter contre la misère », et une « aide pour collectivement grandir en humanité ». Dans la section « diaconie », vous dites que vous souhaitez mettre les personnes très pauvres et leur parole « au cœur du cheminement de l’Eglise » et en faire la « pierre angulaire de la société ». Dans la section « organisation apprenante », vous désignez l’expérience de la vie des très pauvres comme « un trésor pour nos réseaux et plus largement pour la société ». L’horizon que vous visez est ainsi une profonde mutation dans la manière de percevoir les très pauvres, leur parole, leur contribution à la vie ecclésiale et sociale.
J’ai repéré 4 directions que vous vous proposez de mettre en œuvre pour susciter et accompagner cette mutation :
- développer de vraies relations et une fraternité avec les plus pauvres, dans le ligne de ce que propose le pape François : « être leurs amis, les écouter, les comprendre » (EG 198), entrer dans une « proximité réelle et cordiale » (EG 199), « introduire à une rencontre authentique avec les pauvres et donner lieu à un partage qui devient style de vie […] Nous sommes appelés, par conséquent, à tendre la main aux pauvres, à les rencontrer, à les regarder dans les yeux, à les embrasser, pour leur faire sentir la chaleur de l’amour qui rompt le cercle de la solitude. » (Journée Mondiale des Pauvres 2017, § 3). Donc une rencontre en vérité, une rencontre de proximité des corps qui devient fraternité, amitié, chaleur de l’amour.
- aller vers les périphéries pour mettre les personnes qui y vivent au cœur du cheminement de la société, « au centre du cheminement de l’Église » (EG 198) : aller vers ces personnes et les soutenir pour qu’elles accèdent à la parole et à leur place, agir et penser avec les personnes en grande précarité, les faire participer aux instances de réflexion et de décision, soutenir l’organisation des personnes et groupes en précarité. La sortie vers les périphéries est un leitmotiv des prises de parole du pape François. On pourrait relire le début du chapitre I d’Evangelii Gaudium, la section « Une Église en sortie » : entrer avec Jésus dans une itinérance pour rejoindre les personnes à commencer par les pauvres et « accompagner l’humanité en tous ses processus, aussi durs et prolongés qu’ils puissent être » (EG 24).
- considérer l’ensemble des aspirations des pauvres, sans jamais négliger la dimension spirituelle qui est soulignée à plusieurs reprises dans votre projet. Le chapitre IV d’Evangelii Gaudium mettait particulièrement en exergue le scandale de la privation d’attention spirituelle dont sont victimes les plus pauvres. Je vous relis l’ensemble du paragraphe EG 200 :
« Étant donné que cette Exhortation s’adresse aux membres de l’Église catholique, je veux dire avec douleur que la pire discrimination dont souffrent les pauvres est le manque d’attention spirituelle. L’immense majorité des pauvres a une ouverture particulière à la foi ; ils ont besoin de Dieu et nous ne pouvons pas négliger de leur offrir son amitié, sa bénédiction, sa Parole, la célébration des Sacrements et la proposition d’un chemin de croissance et de maturation dans la foi. L’option préférentielle pour les pauvres doit se traduire principalement par une attention religieuse privilégiée et prioritaire. » (EG 200)
- entrer dans une dynamique d’apprentissage : dans la section « une organisation apprenante », vous soulignez le travail qui est à faire pour mieux recueillir la parole des personnes, mieux la collecter, l’analyser et la diffuser dans nos réseaux, c’est-à-dire la recueillir et faire connaître en faisant expérimenter la force et la consistance. Avec cette proposition, on est dans la ligne de l’éthique des vertus mise en lumière par Alain Thomasset lors du Colloque Rodhain à Lourdes, le 27 janvier 2018. Alain soulignait que l’hospitalité s’apprend, s’entraîne, c’est une vertu : il s’agit de vivre l’hospitalité, de nommer ce qui a été bon à vivre et de le faire connaître pour donner le goût de l’hospitalité. Ici, on pourrait dire que votre projet est un projet d’hospitalité aux plus pauvres, à leur parole, à leur pensée, il s’agit alors de découvrir ce que ces personnes ont de bon, de fort, de vivifiant, mettre en lumière ce qui, dans ces personnes, contribue à faire grandir en humanité tous les membres de la société et de l’Église, et faire connaître cette beauté des plus pauvres, la grâce, le trésor qu’ils sont pour notre société et notre Église.
Voilà pour ces quelques réflexions sur votre projet pour 2016-2024. Il y aurait encore beaucoup à dire et partager.
Laure Blanchon, Centre Sèvres.
Rencontre organisée par la Fondation Rodhain,
Paris, le 9 février 2018.
[1] E. Schillebeeckx, Expérience humaine et foi en Jésus Christ, Paris, Le Cerf, 1981, p. 32.
[2] Ibidem, p. 45.
[3] L’être humain ne s’est pas toujours interprété sur le registre de l’autonomie, même si cette perspective semble aller de soi en ce début de XXIe siècle. Cette lecture émerge sous l’influence de facteurs religieux, politique et sociaux au moment des Lumières (XVIIe et XVIIIe siècles). Voir J.-B. Schneewind, L’invention de l’autonomie, Paris, Gallimard, 2001 et N. Maillard, « C’est quoi l’autonomie ? Histoire et concepts », La vulnérabilité. Une nouvelle catégorie morale ?, Genève, Labor et Fides, 2011, p. 23-64.
[4] N. Maillard, La vulnérabilité. Une nouvelle catégorie morale ?, op. cit., p. 16.
[5] Ibidem, p. 16.
[6] Pour une réflexion plus détaillée, on se reportera à Jean-Philippe Fabre, Le disciple selon Jésus. Le chemin vers Jérusalem dans l’évangile de Marc, Lessius, coll. Le livre et le rouleau, Namur, 2014.
[7] Après la première annonce par Jésus de sa souffrance, de son rejet et de sa mort et résurrection, Pierre le tire à part et l’admoneste, ce qui lui vaut d’être traité de « Satan » (8, 33) ; les disciples ne parviennent pas à guérir l’enfant épileptique et Jésus les traite d’ « engeance incrédule » (9, 19) ; après la deuxième annonce par Jésus de sa passion, ils ne comprennent pas sa parole et se taisent murés dans la crainte de l’interroger (9, 32) ; puis de manière totalement décalée avec le contexte de montée vers Jérusalem, ils sont dans une conversation pour savoir qui est le plus grand, compétition entre eux, quête de grandeur (9, 34) ; puis Jean et les autres veulent mettre sous contrôle l’usage du nom de Jésus (9, 38) ; puis des gens amènent à Jésus des enfants pour qu’il les touche, mais les disciples les rabrouent jusqu’à ce que Jésus se fâche contre eux (10, 13-14) ; puis Jacques et Jean demandent à Jésus de siéger à sa droite et à sa gauche dans sa gloire, volonté de puissance et recherche de pouvoir, suscitant la jalousie et l’indignation des autres (10, 37.41).
[8] Voir Etienne Grieu, « Prier à l'école des ‘‘suppliants’’ de l'Évangile », Lumen Vitae, Vol LXXI, n°1, 2016, p. 57-60.
[9] Pour aller plus loin, on pourra se reporter à mon petit livre : Laure Blanchon, Récits de vie des plus pauvres, paroles de vie pour tous, Salvator, Coll. Servons la fraternité, Paris, 2017, p. 114-125.
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