Intervention sur le projet national du Secours catholique
Intervention sur le projet national du Secours catholique. Réunion des chaires de la Fondation Rodhain (9 fév 18)
C. Fino (ICP) :
Je n’aurai pas de mal à présenter le Secours Catholique comme une figure sociale de charité (au sens de la construction d’un discours, de pratiques, d’un espace). Mais la question posée est que ce discours, paradoxalement, ne propose pas de nomination explicite de Dieu et Jésus-Christ !
Cependant…
Le projet associatif est fondé sur l’Evangile.
Un des principes d’action : porter attention à la dimension spirituelle de chacun (déjà proposé en dernier point de la vision de la société)
La stratégie globale inclut la diaconie, c’est-à-dire la mobilisation des communautés chrétiennes, avec une référence au pape François (« une Eglise pauvre pour les pauvres » : le service des personnes), la désignation de la doctrine sociale de l’Eglise comme ressource – cf. aussi la référence au principe « voir, juger, agir » -, et le désir de mobiliser » et de partager « les sources spirituelles de l’engagement pour la justice, la fraternité et le bien commun ».
C’est peu sur l’ensemble du texte, et le projet se lit sans problème si on omet ces différents points (qui ont aussi tendance, avec le travail sur l’interculturel et l’interreligieux, à être situé comme le dernier point). On peut voir dans cette discrétion la possibilité de donner un rôle actif dans la démarche à des non-croyants (qu’ils soient bénévoles ou bénéficiaires) ou un risque de dissolution de l’identité du Secours catholique.
Or cette identité chrétienne se dévoile sur d’autres points :
La dimension universelle de l’hospitalité, identifiée comme « fraternité universelle » (relation filiale au Dieu créateur de toute l’humanité, frère en Christ), et vérifiée sur le critère de l’accueil des plus vulnérables (Mt 25).
Le tryptique de valeurs : croire et espérer, et une double posture de service et de relation.
La structure même du texte : la finalité (la transformation de la société, la réalisation concrètes des valeurs) repose, y compris au plan institutionnel, sur un processus de conversion (les changements internes) ; les conditions de possibilité de ce changement interne, pour les personnes comme pour l’institution, sont une ouverture au don reçu d’autrui (la stratégie de renforcer le pouvoir d’agir des personnes aidées jusqu’à les intégrer dans les instances de réflexion, les mises en relation et la mobilisation à tous niveaux jusqu’à agir avec d’autres, une organisation « apprenante »). On ne dit pas que ces personnes sont présence du Christ, mais on observe une dynamique pascale, voire kénotique (un renoncement à tout maîtriser pour que l’autre prenne sa place, ou encore la posture d’agenouillement de Ph 2 pour tous soient debout).
Le processus de vérification concerne l’institution (sur la cohérence du management ou la consommation responsable) plus que les changements sociétaux espérés : c’est une adéquation à la vérité d’être qui est proposée. Ce qui compte est de stimuler une dynamique de conversion sociétale (« promouvoir des changements de regards » ou « soutenir les communautés »), et pas d’abord un taux d’efficacité (même si celle-ci est reconnue par ailleurs).
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