L’espérance des pauvres ne sera jamais déçue. Message pour la 3°Journée mondiale des pauvres, 17 novembre 2019
Dans son message pour la IIIe Journée mondiale des pauvres, qui sera célébrée le 17 novembre 2019, le pape François met en regard la situation des pauvres dans la Bible et celle de ceux d’aujourd’hui, soulignant que leur sort « n’est pas très différent ».
Article de Nicolas Senèze, à Rome pour La Croix. Texte complet en pdf, au bas de cet article.
Partant du Psaume 9, qui rappelle que « le pauvre n’est pas oublié pour toujours », le pape s’interroge : « Comment Dieu peut-il tolérer cette disparité ? Pourquoi permet-il à ceux qui oppriment d’avoir une vie heureuse alors que leur comportement devrait être condamné face à la souffrance du pauvre ? »
François rappelle alors la situation de l’époque où « l’inégalité a généré un groupe important de pauvres, dont la situation semblait encore plus dramatique comparée à la richesse réalisée par quelques privilégiés ».
Familles, orphelins, chômeurs, migrants, SDF…
« C’était l’époque où des personnes arrogantes et dénuées du sens de Dieu chassaient les pauvres pour s’emparer même du peu qu’ils avaient et les réduire en esclavage », explique-t-il avant de constater : « Ce n’est pas très différent aujourd’hui. »
Et François, pour qui « les siècles passent, mais la situation des riches et des pauvres reste inchangée », de brosser un large tableau des pauvretés d’aujourd’hui.
Il cite ainsi les « familles contraintes de quitter leurs terres pour chercher des moyens de subsistance ailleurs », les « orphelins qui ont perdu leurs parents ou qui en ont été séparés violemment pour être exploités brutalement », les jeunes chômeurs « qui se voient refuser l’accès au travail en raison de politiques économiques aveugles ».
« Se débarrasser de leur présence même dans la rue »
Mais aussi les « victimes de nombreuses formes de violence, de la prostitution à la drogue, et humiliées au plus intime », « les millions d’immigrés victimes de tant d’intérêts cachés, souvent instrumentalisés à des fins politiques, à qui la solidarité et l’égalité sont refusées » et les « personnes sans abri et marginalisées qui errent dans les rues de nos villes ».
« Le drame dans le drame, c’est qu’ils ne sont pas autorisés à voir la fin du tunnel de la misère », constate le pape qui dénonce la mise en œuvre d’« une architecture hostile afin de se débarrasser de leur présence même dans la rue, dernier lieu d’accueil. »
« L’Église a vocation de ne faire sentir à personne qu’il est étranger ou exclu. » Malgré cela, Dieu, souligne le pape, n’abandonne pas les pauvres. « Il est celui qui “écoute”, “intervient”, “protège”, “défend”, “rachète”, “sauve” », énonce le pape pour qui « un pauvre ne pourra jamais trouver Dieu indifférent ou silencieux face à sa prière ».
Mais, parce que le Christ a « inauguré son Royaume en plaçant les pauvres au centre » et « confié à ses disciples la tâche de le mener à bien », il revient à l’Église de « redonner espérance et de rétablir la confiance » des pauvres.
« La crédibilité de notre proclamation et du témoignage des chrétiens en dépend », insiste François, rappelant que « dans sa proximité avec les pauvres, l’Église découvre qu’elle est un peuple qui, dispersé parmi tant de nations, a pour vocation de ne faire sentir à personne qu’il est étranger ou exclu, car tout le monde est impliqué dans un chemin commun de Salut ».
Jean Vanier « grand apôtre des pauvres »
« La condition des pauvres nous oblige à ne pas nous éloigner du Corps du Seigneur qui souffre en eux » mais « à toucher sa chair pour nous engage personnellement dans un service d’évangélisation authentique », explique le pape qui donne l’exemple de Jean Vanier « grand apôtre des pauvres ».
« Il a été un “saint de la porte d’à côté” », assure François. Saluant l’« enthousiasme » avec lequel « il a su rassembler autour de lui de nombreux jeunes, des hommes et des femmes, qui, avec un engagement quotidien, ont donné de l’amour et redonné le sourire à tant de personnes faibles et fragiles, en leur offrant une véritable “arche” de salut contre l’exclusion et la solitude ».
« Le cri des personnes pauvres a été entendu et a produit une espérance inébranlable, créant des signes visibles et tangibles d’un amour concret que nous pouvons toucher de nos mains jusqu’à aujourd’hui », se réjouit-il.
De la même manière, le pape demande aux bénévoles, « auxquels il revient souvent le mérite d’avoir senti en premier l’importance de cette attention aux pauvres » de « grandir dans leur dévouement », en « mettant de côté les divisions qui proviennent de visions idéologiques ou politiques » et sans s’« arrêter à la première nécessité matérielle ».
« Les pauvres ont besoin de nos mains pour se relever »
« Bien sûr, reconnait-il, les pauvres nous approchent aussi parce que nous leur distribuons de la nourriture, mais ce dont ils ont vraiment besoin va au-delà du plat chaud ou du sandwich que nous proposons. Les pauvres ont besoin de nos mains pour se relever, de nos cœurs pour ressentir à nouveau la chaleur de l’affection, de notre présence pour vaincre la solitude. Ils ont simplement besoin d’amour. »
Soulignant qu’« aux yeux du monde, il semble déraisonnable de penser que la pauvreté et l’indigence peuvent avoir une force salvifique », il rappelle, au contraire, que « les pauvres nous sauvent parce qu’ils nous permettent de rencontrer le visage de Jésus-Christ ».
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