Ancrés dans l’Évangile
Jean RODHAIN, "Ancrés dans l’Évangile", DS, n°34, octobre 1972, cahier jaune, np.
Ancrés dans l’Évangile
(Homélie de Mgr Rodhain)
Hier soir, ici, pour la veillée, c’était un silence merveilleux. Ce soir, c’est dans un instant la présence du Christ dans son Eucharistie. Il faut nous y préparer.
Tout à l’heure, nous avons entendu cette page de l’Évangile selon saint Jean : le Christ lavant les pieds de ses disciples. Il ne s’agit pas d’un geste symbolique : saint Jean donne tous les détails pratiques, c’est un repas interrompu, ce sont des bassines d’eau qu’on apporte, c’est un linge qui est préparé, ce sont des pieds qui sont essuyés méticuleusement. Nous sommes en Orient : quand on a cheminé longtemps sur des chemins sablonneux en plein soleil, ce sont des soins à donner, c’est un service à rendre.
Un service à rendre. Or si nous lisons les quatre évangélistes, on s’aperçoit que, sur ce service rendu, Marc n’a rien dit. Matthieu non plus. Luc non plus. Un seul en a parlé, saint Jean, parce qu’il était le plus aimant, parce qu’il était le plus jeune. Ce service des autres, évoqué par saint Jean, vous concerne directement. Cette page était écrite pour vous.
Une page d’Évangile ! Quand on revient du Bangladesh, ce pays dans lequel sur 70 millions d’habitants, il n’y a pas un chrétien sur mille, de ces pays lointains où on se rend compte que, depuis des siècles, pas un des habitants n’a connu ni une page, ni une ligne d’Évangile, on se demande si nous ne sommes pas, nous, les chrétiens d’Europe, par rapport à eux, des privilégiés.
Avant de parler de l’Évangile, avons-nous l’habitude de le lire ? De le connaître ? Heureux celui qui prend l’habitude de méditer de temps en temps une page de l’Évangile : sa vie est ancrée dans l’Évangile comme un navire fixé solidement par son ancre qui résiste aux tempêtes.
Cet Évangile, nous l’avons lu devant la grotte de Lourdes. Quand on visite les chrétientés lointaines d’Asie et d’Afrique, on est étonné de voir dans les plus pauvres paroisses une reproduction de la grotte de Lourdes et d’entendre des familles lointaines rêver de pouvoir un jour venir à Lourdes. Le bon sens populaire, qui ne s’y trompe pas, invoque toujours Marie, Mère de Dieu.
Dans l’Évangile, depuis Bethléem jusqu’aux noces de Cana, depuis les noces de Cana jusqu’au Calvaire, Marie, silencieuse et discrète, est là pour guider nos hésitations, nos faiblesses, nos timidités. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous !
Heureux celui qui, repartant de Lourdes, restera ancré dans la confiance en Marie, ancré solidement dans la prière à Marie, Vierge Mère, ancré fermement dans ses souvenirs de ce soir. L’ancre que voici est vraiment le signe de l’Espérance, c’est pour cela que, maintenant, l’ancre va s’avancer et qu’ensuite, cet insigne sera, entre nous tous, partagé.