Un cas de conscience
Jean RODHAIN, « Un cas de conscience », Messages du Secours Catholique, n° 193, janvier 1969, p. 5.[1]
Un cas de conscience
La situation des enfants au Biafra pose un cas de conscience dramatique, car il faut, finalement, choisir entre plusieurs solutions :
- Ou bien transporter ailleurs ces enfants.
- Ou bien les nourrir sur place. Chacune des deux solutions a ses avantages. Les partisans de la première ont multiplié les déclarations et les interviews. Or, on ne résout pas un cas de conscience avec des mots.
Que veulent les familles du Biafra ? Que pensent les médecins qui sont sur place ? Sur place, tous sont unanimes : les familles veulent conserver leurs enfants près d’elles. Les médecins sont hostiles au transport vers d’autres pays sauf, bien entendu, pour les blessés ou grands malades ayant besoin d’un hôpital spécialisé.
Enfin, il reste un aspect important qu’on semble négliger : les fonds disponibles proviennent de donateurs qui se sont privés pour ces enfants. Ces fonds ne sont pas inépuisables, il faut donc choisir leur utilisation la plus efficace.
On sait maintenant, par expérience, qu’avec une même somme en peut :
- Ou bien nourrir sur place pendant un mois cent mille enfants ;
- Ou bien on peut, dans un pays voisin, construire, équiper et encadrer un hébergement pour mille enfants.
Mais on ne peut pas, avec cette somme, faire les deux à la fois.
Il faut donc choisir. Dans le premier cas on sauve cent mille enfants. Dans le deuxième cas on se limite à mille enfants privilégiés.
Nous avons choisi la première solution : donc nous aidons sur place les enfants[2].