Le carnet de Sidoine
Jean RODHAIN, « Le carnet de Sidoine », Messages du Secours Catholique, n° 214, décembre 1970, p. 2.
Le carnet de Sidoine
Question 1
- Il y a quelque chose que je ne comprends pas dans vos appels. Actuellement l'État aide, et le VI° Plan le prouve, à la construction des Foyers de vieillards, des centres d'hébergement, etc. Pourquoi faites-vous appel à la charité publique au lieu d'utiliser l'aide de l'État ?
Réponse :
Nous utilisons l'aide de l'État quand nous construisons un Centre agréé par le Plan. Cette aide n'est que partielle. Et cette aide n'est versée qu'après les constructions terminées. Il faut donc trouver le complément, et aussi il faut payer comptant les entrepreneurs. Exemple : la Cité Secours Myriam pour les Nord-Africains.
Question 2
- Dans un récent numéro de MESSAGES, j'ai vu que vous citiez avec éloge un livre intitulé : « J'ai choisi l'opium ». Je suis scandalisée que le Secours Catholique fasse ainsi de la propagande pour la drogue qui cause tant de mal à notre chère jeunesse. Aussi je vous avertis que je porte plainte contre vous auprès du Pape.
Réponse :
- C'est curieux, chacun se plaint des décisions de Rome, mais chacun s'empresse de quémander à Rome une condamnation contre son voisin.
Pour étayer votre plainte nous nous faisons un plaisir de vous offrir le volume en question. Il a pour auteur notre chère collaboratrice Banine. Reprenant la phrase célèbre : « La religion est l'opium du peuple », Banine raconte sa conversion et prend pour titre : « J'ai choisi l'opium »[1]. Mais cet opium-là n'est pas celui auquel vous avez pensé...
Dernière minute
Question 3
- Je suis balayeur de nuit dans votre imprimerie et, sur le marbre où se prépare votre journal, j'ai noté le nombre anormal d'appels aux donateurs éventuels dans ce numéro de décembre de « Messages ».
Est-ce que cela n'a pas inquiété vos rédacteurs ou moment de donner le bon à tirer ?
Réponse :
- J'ai réagi exactement comme vous. Et je me suis chargé moi-même, une fois de plus d'abreuver la rédaction d'aigres remarques à ce sujet.
Alors les rédacteurs de « Messages » m'ont ouvert les tiroirs où attendent tant de cas indiscutablement urgents : c'est un autre Biafra, mais à notre porte. J'ai découvert qu'il n'était pas loyal, qu'il n'était pas honnête de célébrer Noël en ignorant volontairement ces situations.
Et toutes mes objections ont aussitôt fondu comme fondent mes cierges quand je les plante trop près du feu.
[1] En vente aux Editions Stock - Un volume : 18,40 F.