L'enracinement du projet national du Secours catholique Caritas France dans la Doctrine Sociale de l'Eglise
Chaire J.Rodhain Toulouse. Février 2018
Le Secours catholique présente son projet décennal
A l’occasion de la préparation de la réunion de la fondation le 9 fevrier, plusieurs questions ont été posées à l’ensemble des chaires
- Comment positionnez vous votre action /à ce texte ?
- Comment rendre plus explicite le lien entre spiritualité et politique ?
- Quel est l’enracinement du document dans la Doctrine Sociale de l’Eglise ?
Chacun des membres présents de l’équipe s’est exprimé sur ces questions. Ce texte tente d’en tirer des réponses collectives :
Quel est l’enracinement du document présenté dans la DSE ?
Cet enracinement est sensible pour chacun d’entre nous. La fraternité c’est le nouveau nom du bien commun. L’homme est fait pour être fraternel « La fraternité est l’unité différenciée réconciliée », « j’accueille ta différence comme une richesse, je traverse la distance qui me sépare de la ressemblance, la relation s’opère dans un lieu de vivre ensemble, communauté de confessions différentes ». La volonté d’aller plus fin dans des domaines, droits, interculturel, territoires, interreligieux, d’approcher le comment sur le long terme. Autant de choix qui se réfèrent implicitement à la DSE. « C’est cet esprit qui conduit les chrétiens catholiques à répandre ce qu’ils ont reçu gratuitement ».
Mais nous étions surtout interpellés sur le lien entre spiritualité et politique
La spiritualité relève de l’intime, mais la politique peut être une fraternité en actes, comme le montre la déclaration des droits de l’homme de 1948 ou les premiers pas de la construction européenne. L’engagement dans l’action ne se dissocie pas de l’intériorité….le support spirituel qui impacte les actes de tous les jours est au service du bien commun, comme le mettent en valeur les travaux d’E.Mounier. A l’inverse, quand le support spirituel vacille, les actes, les dires du politique inquiètent.
Lire les évènements de la vie avec d’autres yeux, c’est regarder autrement le rapport entre être et avoir, c’est ce que découvrent nos étudiants qui s’engagent dans des actions humanitaires, c’est ce que découvrent les enfants du « caté », ou les jeunes qui se lancent dans le pacte civique. Nous retrouvons deux choses essentielles, proximité avec les gens et plaidoyer politique de lutte contre la misère, dans le document du secours catholique.
La Tradition de la DSE reconnaît un lien essentiel entre politique et charité, c'est à dire une vertu théologale expression directe de la spiritualité chrétienne. "Celui qui dit j'aime Dieu et qui n'aime pas son frère est un menteur !" écrit St. Jean. Il s'agit donc pour qui veut s'exprimer, comme chrétien, sur le lien entre vie spirituelle et politique, de développer une évidence. Se pose aussitôt la question du chemin qui conduit à la reconnaissance et à l'expérience de ce lien. Une pédagogie de la foi chrétienne dans son rapport avec les relations humaines et au service d'un vivre ensemble fraternel, s'impose.
Dans notre relation avec le GAF, structure qui se veut laïque, nous avons bien sur été témoins de la dynamique de la spiritualité du frère JL Gallaup et de son impact sur une action sociale, marquée de résonnance politique. « En nous choisissant, Dieu ne nous a pas choisis contre les autres ou à l’exclusion des autres, mais pour les autres » Si les bénévoles qui l’entourent sont mus par la même spiritualité, elle rétroagit, d’une façon plus complexe sans doute, sur ces hommes et ces femmes dits « de la rue » qui retrouvent leur spiritualité intérieure, parfois enfouie sous les décombres de la vie. Pour chacun, elle est différente, mais elle est toujours motrice et conduit à l’action sociale, à la réflexion politique et souvent à l’engagement.
Le séminaire que notre équipe a organisé en octobre « vulnérabilité et innovation sociale » a mis en valeur la dynamique de l’engagement, de la capacité d’innovation de tous ceux qui sont portés par leur foi en Dieu, en l’homme, en l’existence d’une transcendance. Cet engagement ne se limite pas au faire matériel, mais les conduit à chercher à convaincre tous ceux qui peuvent agir autour d’eux, cela s’appelle la politique.
H.de Lubac, Fondements théologique des missions, 1941
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