Le carnet de Sidoine - 75-12
Jean RODHAIN, "Le carnet de Sidoine", MSC, n° 268, décembre 1975, p. 2.
Le carnet de Sidoine
Question 1
- De mon temps il y avait dans mon vieux catéchisme, une invitation à faire la Charité. Je ne trouve plus cette invitation aujourd’hui. Qu’en pense Sidoine ?
Réponse :
- Sidoine a horreur de cette expression « faire la Charité ». Il veut bien qu’on dise « faire du bruit » ou « faire du volume ». Mais la Charité n’est pas un objet à fabriquer ou à distribuer. C’est une vie. Alors dites « vivre la Charité ». Car la Charité devrait pénétrer dans le cœur de chacun pour devenir le plus intime de sa vie, exactement comme l’air qu’on respire.
Question 2
- Dans l’émission religieuse du Secours Catholique pour le 16 novembre, on nous a présenté la messe au Rosier rouge. Chants et musique étaient animés par un groupe de jeunes particulièrement sympathique. De qui s’agit-il ?
Réponse :
- Il s’agit du groupe « Siloé ». Ce sont des jeunes de Dijon animés par un responsable du Secours Catholique. Ils vont bénévolement animer les veillées liturgiques et des séances pour le tiers-monde. Ce sont eux qui ont animé toutes les séances des récentes Journées nationales du Secours Catholique à Lourdes.
Question 3
- Je viens de faire un voyage rapide au Sahel. J’ai vu beaucoup de misères. Mais je n’ai pas vu de réalisations charitables. Pouvez-vous me donner une explication ?
Réponse :
- Le Sahel est immense. On peut y faire plusieurs voyages « rapides » sans y rencontrer de réalisations. Il vaudrait mieux, avant votre prochain voyage, nous écrire et nous indiquer vos itinéraires : nous vous donnerons les adresses des activités charitables au travail : vous pourrez alors les voir de près.
Question 4
Un hebdomadaire illustré dans son numéro 1.379 du 1er novembre désigne Caritas Internationalis comme l’intermédiaire principal ayant facilité le transfert de réfugiés nazis vers l’Amérique du Sud de 1945 à 1949. Est-ce exact ?
Réponse :
Pour montrer combien ceci est inexact, il suffit de vérifier les dates : c’est seulement après une consultation effectuée auprès, de l’Épiscopat du monde entier en 1950 que Caritas Internationalis a été fondée à Rome en 1951. Cette organisation internationale n’a donc pu prendre aucune responsabilité de 1945 à 1949.
Question 5
J’apprends qu’en France on consomme par an 13.500 tonnes de plantes médicinales et qu’il y a un retour massif vers les vieilles recettes par les plantes. Est-ce exact et comment Sidoine interprète-t-il cette évolution ?
Réponse :
Sidoine est incompétent. Mais il est observateur. Il a noté que le gouvernement en 1941 a cessé de délivrer les autorisations d’herboristeries. Il n’était plus question que de remèdes chimiques.
Sidoine a remarque que depuis lors on revient vers la digitale, la sauge et le chélidoine. Le chiffre de 13.500 tonnes est celui de 1970 : depuis il a considérablement augmenté. La menthe, la mélisse, le plantain, la belladone sont réclamés de partout. Sidoine, qui a horreur des comprimés chimiques, est ravi de ce retour aux remèdes vivants et simples préparés dans les champs et les forêts par le Créateur. La roue tourne. On s’excite sur l’artificiel, on s’en lasse et on revient au naturel. On a voulu remplacer la charité par 36 succédanés sociaux. Et après expérience on remet à l’honneur les gestes simples et compatissants. Il y aurait un beau livre à écrire sur ces retours cycliques vers ce qui est simple...
Question 6
Ancien prisonnier, j’ai participé à Lourdes au pèlerinage du 30° anniversaire le 29 septembre. Nous étions près de 100.000 hommes célébrant dans le calme les leçons de la captivité. Si nous avions brisé une seule vitrine ou incendié une seule 2 CV toute la presse en aurait parlé. Nous sommes restés paisibles. Pourquoi sur ce rassemblement de 100.000 hommes un silence total à la télévision et dans la presse ?
Réponse :
C’est inexplicable. C’est significatif...