Le carnet de Sidoine - 73-06
Jean RODHAIN, "Le carnet de Sidoine", MSC, n°242, juin 1973, p. 2.
Le carnet de Sidoine
Question 1
- La science depuis vingt ans a fait plus de progrès que depuis 2.000 ans : la bombe atomique et l’exploration de la lune en sont les preuves. Alors veuillez m’expliquer pourquoi cette science extraordinaire ne pense pas à prévoir la sécheresse en Afrique, ni à y remédier ?
Réponse :
- Dans les zones tropicales soumises à des périodes de sécheresse, les termites sont habitués à cette prévision et à cette réaction. Ils réussissent à reconstituer dans leurs termitières l’humidité indispensable à leur survie. Ils réussissent si bien que Livingstone qui fut non seulement un explorateur, mais aussi un naturaliste, se demande s’ils ne connaissent pas le procédé leur permettant de combiner l’oxygène de l’atmosphère avec l’hydrogène de leur alimentation végétale pour reconstituer l’eau nécessaire à leurs termitières . Les termites, les fourmis, les abeilles, et de multiples insectes ont une science qui dépasse la nôtre. Cette science animale est ordonnée sur la vie et la survie.
Vous posez une question cruelle et opportune : notre science dont, nous sommes si fiers est-elle orientée vers la vie de l’homme ou vers son orgueil (guerre) et son plaisir ?
Question 2
Je reste sceptique devant la fable de Sidoine sur le rucher parue dans le dernier numéro. Sidoine prétend que son miel contient à la fois des parfums de bruyère, de thym et d’acacia. C’est beaucoup trop pour un seul rucher. Sidoine devrait savoir que les abeilles se spécialisent dans leur travail de butinage. Pour rappeler Sidoine aux réalités, je vous adresse à son intention un pot de 1 kilo de miel d’acacia.
Réponse :
Sidoine avoue son erreur. Mais il est prêt à renouveler chaque mois des erreurs de ce genre en vue de recevoir des leçons de choses pour lui, aussi hautement éducatives. Merci.
Question 3
Dans notre paroisse, nous nous sommes cotisés pour permettre a une famille d’accompagner son enfant infirme à un pèlerinage à Lourdes. Or, au cours de cette collecte, M. X... nous a accusés de faire du paternalisme. Cette accusation nous a fermé quelques portes et la collecte en a été ralentie. On a fini par aboutir et réussir. Mais il nous reste une amertume de ce blâme. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce péché de paternalisme.
Réponse :
- Le devoir d’un père est d’être paternel. Et saint Paul se considérant comme le père de tous, ceux qu’il a enfantés à la foi du Christ s’adresse à eux avec l’affection toute paternelle d’un père pour ses enfants (Cf. Cor. IV 15.)
Le Christ dans l’Évangile pour expliquer sa sollicitude emploie souvent la comparaison du père attentif. (Cf. Luc. XI - 11.)
Par contre, quand quelqu’un affecte un air protecteur alors qu’il n’a exercé aucun travail réel de filiation, on dit justement que son attitude n’est plus qu’une caricature de la véritable paternité : c’est alors du paternalisme.
- Chez les esprits contestataires, c’est une manie maladive qui consiste, dès qu’ils rencontrent le bien, à coller aussitôt l’étiquette de « paternalisme ». Dès qu’ils découvrent le beau, ils collent de même l’étiquette « triomphaliste ». Méfiez-vous de ces démolisseurs. Ils me font penser à mon voisin qui, un sécateur à la main, dans son jardin coupe chaque matin les boutons de rose de peur que leur éclosion le fasse passer pour triomphaliste. Considérez M. X... comme un malheureux et chassez toute amertume.
Question 4
Je voudrais que Sidoine nous donne son avis sur les faits décrits dans la note ci-jointe et qui me semblent absolument contraires à la Charité.
Réponse :
La description de ces faits appellerait, en effet, un sérieux rappel à la Charité. Sidoine se fera un devoir - et un plaisir - de fustiger ces injustices dès que vous voudrez bien signer votre lettre. Sidoine jette automatiquement au panier toute lettre non signée.