Le carnet de Sidoine - 72-05
"Le carnet de Sidoine", MSC, n° 230, mai 1972, p. 2.
Le carnet de Sidoine
Question 1
- J’ai lu dans un quotidien du matin en date du 12 avril un appel pour l’œuvre de Mère Teresa, de Calcutta. On y annonce qu’il reste 2 millions et demi d’enfants affamés dans les camps de réfugiés. Est-ce exact ?
Réponse :
- L’œuvre de Mère Teresa fait un bon travail. Ceux qui ont rédigé cet appel ont fait un mauvais travail : les exagérations sont incompatibles avec la vérité et la charité. Ce chiffre de deux millions et demi est faux. Les 9 millions et demi de réfugiés sont retournés ou Bengladesh.. Les camps de réfugiés en Inde sont fermés.
Il reste en Inde environ 60.000 Bengalis. Les uns se sont implantés dans des villages indiens. Les autres vieillards, malades graves, sont intransportables.
Ce qui est exact, c’est que parmi les réfugiés rentrés dans leurs villages à demi détruits, les enfants ont souffert de l’exode et de la sous-alimentation. Il faut les aider en priorité. Chaque numéro de « Messages » rappelle à ce sujet notre opération de secours aux enfants du Bengladesh,
Question 2
Il y a dix-huit mois, ma tante a offert gracieusement au Secours Catholique une maison, à la condition d’y installer un foyer de vieillards, et le Secours Catholique n’a pas accepté. Je ne comprends pas cette attitude qui néglige une offre si généreuse.
Réponse :
- Le dossier de cette affaire est précis : l’aménagement de la maison en question ne correspond pas aux normes exigées par la Santé publique. Il faudrait dépenser une fortune rien que pour y réaliser un équipement sanitaire normal. Ensuite cette maison est isolée, loin de toute agglomération : pour acheter un paquet de cigarettes ou un journal, chaque vieillard devrait faire 12 kilomètres. Enfin, dans ce canton, il y a déjà trois maisons de vieillards. Donc cette offre est généreuse mais inutilisable en raison de la condition posée : mettre des vieillards.
Question 3
- Je m’étonne que dans les appels de la télévision on parle si peu du Secours Catholique, qu’il s’agisse de voire action au Bengladesh ou de la création de vos Cités-Secours. Vous devriez demander et obtenir des appels réguliers.
Réponse :
- Ecrivez vous-même à l’O.R.T.F. Le jour où l’opinion publique aura obtenu que les appels soient indépendants et libres de tout aspect commercial, votre vœu, qui est aussi le nôtre, se réalisera...
Question 4
- Ayant lu un livre récent, mon jeune neveu ne tarit plus de critiques contre les institutions d’Église et les activités charitables, en particulier.
Comment expliquez-vous que ce garçon, qui est un brave garçon, soit, devenu fanatique à ce point ?
Réponse :
- J’ai moi-même un excellent neveu qui se trouvait dans le même cas. Il était intarissable sur la déclergification des clercs et la désacralisation de la liturgie.
Son ignorance monumentale lui permettait d’être solennellement affirmatif. Or, il vient d’entrer dans un atelier d’ordinateurs. Il est devenu circonspect devant les circuits compliqués et les structures électroniques.
Un jour viendra où il sera plus discret devant les circuits de l’histoire et les structures de la théologie.
Que faire ? Attendre. Le temps et l’expérience font tomber les préjugés.
Question 5
- Dans le dernier carnet de Sidoine (avril, réponse n°4) vous annoncez l’ouverture prochaine à Paris d’un « hôtel de promotion » pour ceux à qui vous procurez un emploi. Mais vous oubliez qu’à Paris les hôpitaux contiennent 60 % de provinciaux. Beaucoup n’ont pas de visites car leurs familles ne peuvent se payer une chambre d’hôtel. Ce qui a été réalisé à Lille et à Bordeaux pour accueillir les familles est bien plus nécessaire à Paris. Pourquoi n’y pensez-vous pas ?
Réponse :
- J’ai interrogé le service « Malades ». Non seulement il y pense, non seulement toutes les associations de malades et d’handicapés réclament cette fondation, mais il paraît que le Secours Catholique est à la veille de se lancer dans cette création nouvelle. On me laisse entendre que déjà le prochain numéro de « Messages » (juin) pourrait donner des précisions à ce sujet.