Ludovic & Marie-Dominique de Lalaubie relisent Diaconia 2013
Au colloque de la fondation Jean-Rodhain, les 8-10 novembre dernier, Ludovic et Marie-Dominique de Lalaubie ont relu Diaconia 2013, au nom de la diaconie du Var.
Téléchargeable tout en bas... pour ceux qui préfèrent !
INTRODUCTION : QUI SOMMES-NOUS ?
En introduction de ce témoignage, il nous faut préciser que nous sommes arrivés très récemment dans le diocèse du Var, en février dernier, pour travailler sur un projet de la Diaconie. C’est donc surtout dans le diocèse de Savoie, où nous habitions précédemment que nous avons accompagné la démarche Diaconia, même si nous avons effectivement vécu le rassemblement à Lourdes avec la délégation du Var.
Ceci fait apparaitre une limite de notre intervention : notre vue de la question est forcément parcellaire et manque de recul. A contrario, cela peut aussi présenter l’avantage d’un regard plus neuf !
Ce que nous allons vous partager est donc essentiellement tiré du questionnaire-bilan travaillé par Gilles Rebèche, diacre délégué diocésain à la solidarité pour le diocèse de Fréjus-Toulon.
I. LA DIACONIE – UNE HISTOIRE DE 3O ANS
En comparaison avec d’autres diocèses et à l’exemple de celui de la Savoie d’où nous arrivons, l’objectif de Diaconia (Susciter la Diaconie) a une portée différente dans le diocèse de Toulon-Fréjus de par l’existence depuis longtemps d’une diaconie. Celle-ci a fêté ses 30 ans.
En ce sens, cela a pu être un frein, en n’invoquant pas une nouveauté.
En même temps, la dynamique locale de la Diaconie, à travers la Fraternité St. Laurent, l’UDV, le Secours Catholique, a facilité la préparation et la participation à l’événement.
Il reste que, même dans cette configuration qui peut être vue de l’extérieur comme à la pointe, des enjeux et des risques sont importants :
La diaconie peut devenir un monde en soi, ayant plus ou moins de difficultés à se relier aux paroisses ;
A travers ses institutions, la diaconie a créé des structures professionnelles pour répondre aux pauvretés présentes. Il n’est pas toujours facile de faire en sorte que ces structures et les personnes qui les composent, se sentent membres de la diaconie ;
Enfin, l’utopie de communautés chrétiennes fraternelles, donnant aux pauvres leur place, restent un continuel enjeu dans une Eglise qui se donne souvent d’autres priorités.
a. LA PREPARATION
Dans ce contexte, Diaconia 2013 est venu stimuler l’institution en apportant une nouvelle légitimité à la Diaconie.
Par exemple :
Un tract tiré à plusieurs milliers d’exemplaires dans lequel notre évêque présentait la démarche Diaconia a été lancé à l’occasion de la messe chrismale.
La démarche Diaconia 2013 a été lancée officiellement par notre évêque au cours du Pèlerinage du Partage en septembre 2011 en invitant le diocèse à se saisir de la démarche du « Livre des Merveilles et des fragilités ».
Plusieurs interventions de présentation de la démarche ont été faites au Conseil diocésain de pastorale, au Conseil épiscopal, au Conseil presbytéral, au Conseil de pastorale de l’enseignement catholique, au Comité épiscopal de la diaconie….
L’investissement des acteurs de la diaconie a été important. Devenant des témoins de cette histoire, ils se sont impliqués dans la préparation et durant l’événement.
Par exemple :
La pastorale de la Santé, l’aumônerie des prisons, certains établissements scolaires catholiques, la délégation du Secours Catholique se sont saisis du numéro spécial Prions en église sur « Parole et service » comme outil d’animation.
Six conférences en soirée ont été données sur plusieurs territoires du diocèse (Fréjus, Draguignan, Saint Maximin, Gonfaron, Toulon, La Seyne) pour présenter la démarche Diaconia 2012. Chaque conférence était introduite par le clip national.
La participation active en août 2012 au pèlerinage national à Lourdes avec le Réseau Saint Laurent a été une étape de mobilisation importante.
Le groupe Nez’vangile a préparé plusieurs animations en vue de Diaconia
La Troupe de Théâtre a réalisé la pièce « L’auberge de la diaconie ».
La chorale Choeurespérance a appris et diffusé les chants du rassemblement.
Plusieurs membres du diocèse ont participé activement à la préparation nationale du rassemblement.
b. LA PARTICIPATION
Le diocèse de Fréjus-Toulon était présent à Lourdes au rassemblement Diaconia 2013 avec une délégation de 307 personnes représentant la diversité de notre diocèse : paroisses (Saint Raphaël, Fréjus, La Valette, La Garde, Pierrefeu, etc.), communautés nouvelles (Verbe de Vie, Eucharistein Christ-Maître, Shalom, Cança Nova, Bernadette, etc.), services diocésains (communication, solidarité, jeunesse, santé, migrants, séminaire, prison, etc.) et les différents mouvements et associations (CCFD, Secours Catholique, Société Saint Vincent de Paul, Equipes Saint Vincent, Le Nid, le CLERC, Espérance et Vie, Union Diaconale du Var, Mission Ouvrière, etc.).
Le diocèse a mis ses forces vives au service de l’événement : Pendant le rassemblement, notre délégation s’est investie dans 6 animations au village de la rencontre, dans l’animation de 7 forums du vendredi matin, ainsi que dans d’autres rendez-vous (nuits des veilleurs, Maison du Livre des Merveilles et des fragilités, animation des clowns, spectacle, chorale Chœur-Espérance… Participation à l’équipe communication, logistique, au groupe Place et parole des pauvres…
II. CE QUE LA DÉMARCHE A PRODUIT
a. CE QUI A BOUGE DANS LE DIOCESE GRACE A CETTE DEMARCHE
Les chrétiens investis dans la diaconie se sont sentis encouragés par la démarche et le rassemblement. Par exemple, la fraternité Saint Laurent, qui porte dans le diocèse l’animation spirituelle des acteurs de la Diaconie, s’est sentie confirmée dans sa mission et sa vocation : Des nouveaux groupes se sont constitués à Draguignan, à Saint Maximin, au Beausset et à Hyères.
Un défi majeur pour le diocèse est celui du lien entre deux dimensions très fortes de la pastorale diocésaine : la Diaconie et la Nouvelle Evangélisation. Notre évêque, Mgr Rey, qui est lui-même issu d’une communauté nouvelle, a fait de la Nouvelle Evangélisation un axe majeur dans sa pastorale. Pour cela, il a fait le choix de faire venir dans le diocèse différentes communautés religieuses ou communautés nouvelles pour soutenir ce travail. De ce fait, nous constatons une diversité très grande de sensibilités, d’horizons culturels ou ecclésiaux. Le défi est celui de la rencontre et de l’enrichissement des uns et des autres, comme participant ensemble à la Mission unique de l’Eglise.
La diaconie ne peut se construire que dans une présence active des chrétiens dans la société, comme participation à la construction, avec d’autres, du Bien commun. Mais elle questionne aussi notre capacité à construire des communautés fraternelles, notamment paroissiales. En ce sens, les nouvelles communautés ont une expérience intéressante. Elles répondent à des attentes de notre société (le manque de lien, de convivialité…).
On peut dire que Diaconia a permis une avancée en ce sens avec l’engagement de certaines communautés nouvelles dans la démarche. A l’exemple du Verbe de vie qui assure la charge d’une paroisse dans l’agglomération toulonnaise.
Le Service diocésain de la communication a redonné une bonne place à la diaconie dans ses préoccupations éditoriales (revue, radio, site web, youtube…).
Le Séminaire diocésain a redynamisé les stages dans la diaconie dans le cursus de formation des séminaristes.
Mais on peut évoquer une limite sur ce que la démarche a permis de faire avancer : La mobilisation de la « Manif pour tous » a créé dans le diocèse une ferveur militante qui relativisait toutes les autres causes. L’enjeu de Diaconia 2013 semblait pâle pour beaucoup à côté de ce qui paraissait comme « l’abomination de la désolation » et le « défi anthropologique majeur » de cette année 2013. Heureusement, plusieurs acteurs de la « Manif pour Tous » se sont joints à la délégation diocésaine de Diaconia 2013 et ont réalisé que la place et la parole des pauvres n’était pas sans rapport avec les défis anthropologiques et la doctrine sociale de l’Eglise.
C’est un travail toujours à poursuivre de tenir ensemble ces deux axes, de permettre que ces réseaux se rencontrent et s’enrichissent mutuellement.
b. LES PISTES POUR L’AVENIR
Parmi les chantiers qui s’ouvrent, nous retenons principalement que notre évêque a initié une démarche prospective d’évaluation pastorale et de programmation stratégique pour les quinze années à venir avec tous les responsables de services et son conseil épiscopal élargi. Cette démarche, intitulée « Duc in altum » (« Avance au large ») et accompagnée par des consultants professionnels, a choisi comme fil rouge de sa programmation le thème : « Diaconie et nouvelle évangélisation ». L’ensemble des groupes de travail (finances, formation, vie de prière et sacrements, ministères…) s’articule autour de ce thème central.
Mais aussi, un week-end « Diaconie et évangélisation » axé sur les témoignages, le partage d’expériences, la formation interactive, est prévue en octobre 2014. D’audience nationale, ce colloque sera une expression concrète de la suite donnée à Diaconia 2013.
Le diocèse, fort de son expérience et à travers des personnalités comme Gilles Rebêche, est sollicité pour des interventions sur la diaconie. Cela témoigne d’une dynamique qui ne demande qu’à se poursuivre.
Nous sentons l’importance de créer des rassemblements « Diaconia » par Province apostolique ou des congrès – par exemple tous les deux ans – afin de permettre de garder vive la conscience de cette démarche et de partager les expériences et les questions des diaconies naissantes.
L’Eglise est un mystère qui se dévoile peu à peu. Diaconia a été une expérience de ce dévoilement. La place du frère, la révélation du Christ à travers le plus pauvre, restent de l’ordre du Mystère. L’Eglise institution et nos communautés adhèrent plus ou moins à cet enjeu et souvent davantage sur un plan intellectuel et distant que dans une implication en actes et rencontres. Provoquer la rencontre comme l’a permis Diaconia est une manière de vivre une part du dévoilement du Mystère « à son insu et de son plein gré ».
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