Charpentez votre réseau diocésain
Jean RODHAIN, « Charpentez votre réseau diocésain », Bulletin de liaison du Secours Catholique, n° 17, mai 1948, p. 1.[1]
Charpentez votre réseau diocésain
Otto est un autrichien. Nadia est polonaise. Ce jeune foyer actuellement placé dans une ferme par une délégation de province travaille dur, et attend paisiblement son premier enfant.
Seulement, il y a deux mois ce jeune ménage a été littéralement « ramassé » par notre personnel à l'entrée de notre chapelle, Nadia était écroulée dans l’escalier. Et la raison exacte et vérifiée c'est qu'ils mourraient de faim. Echappés sans papiers au delà du rideau de fer, ils arrivaient ici, sans savoir le français mais avec une feuille de cahier portant au crayon l’adresse du Secours Catholique.
Dans certains pays lointains, on connaît donc cette adresse comme un point de secours, Tant mieux pour les Nadia et les Otto. Mais les Pierre et les Jeannette de chez nous ?
Combien, dans chaque paroisse de France, combien y a-t-il de paroissiens qui connaissent l’adresse de leur délégation comme le point où une équipe agissante est prête à les orienter vers un secours efficace ? Comme le point où automatiquement ils apporteront de l'aide, parce qu'ils ont vu cette équipe à l'œuvre ?
Combien ? Et cependant l'opinion guette la réponse. Au cours des journées d'études, nous avons compris, vous comme nous aussi, l'importance inattendue que prenait de plus en plus le Secours ! On compte sur nous de partout. Entre la Campagne des Berceaux terminée et la Campagne des Vieillards de 1949, charpentez votre réseau diocésain : c'est votre travail d’aujourd’hui.
Ce réseau se constitue d’ailleurs peu à peu…
Un délégué remarquait le progrès réalisé depuis 1947 : aux Journées de Rambouillet l’an dernier chaque délégué intervenait en disant : « Je travaille ainsi... » « Je distribue... » tandis qu'aux Journées d'Études de 1948, les délégués disaient « Nous » : « Nous travaillons ainsi... « Nous avons décidé... etc.. »
Progrès dans les formules, signifiant un progrès dans le travail d’équipe.
Une véritable délégation est une équipe de responsables réels, dont les membres ont un travail bien délimité, avec réseau ramifié jusque sur le plan paroissial : adhérents multiples faisant de plus en plus adhérer l'opinion aux problèmes de la misère secourue grâce à un travail d’équipe.
Pour vous aider dans ce travail, le siège Social gardera le contact le plus étroit avec vous. Je viens en un mois, de visiter 6 délégations, et d’étudier avec chacune leur réseau diocésain. Je continue et ne m'arrêterai que lorsque je les aurai vues chacune l'une après l’autre.
Ainsi nous ferons ensemble la mise au point précise qu’exige la misère. Car elle est là, sans aucun doute, et elle frappe exactement à votre porte.
Le secrétaire général
Abbé Jean RODHAIN
[1] Cet article est très proche de : "Un merci à réaction", Messages du Secours Catholique, n° 5, juin 1948, p. 1.