Jean RODHAIN, « On demande un Christophe Colomb… », Messages du Secours Catholique, n° 42, septembre 1954, p. 1.

On demande un Christophe Colomb...

Plus drues que les averses, les catastrophes sont tombées partout cet été. Tremblement de terre en Algérie. Tremblement des hommes au Vietnam. Ici et là, comme sur les rives inondées du Danube, les équipes du SECOURS CATHOLIQUE étaient sur place.

Mais ce qui est remarquable, c'est qu'avant tout appel, nous arrivent aussitôt, et de partout, des appuis. Lettres et mandats précèdent toute souscription. Et ceci n'est pas un monopole du SECOURS CATHOLIQUE. Depuis cinquante ans, l'humain moyen connaît un peu mieux l'humanité. Avion et radio l'éveillent au sens international. Il y a 350 ans, après les calamités de Strasbourg, un bateau de secours suisse descendu au fil du Rhin arrivait le lendemain et cela fit sensation comme signe fraternel. Aujourd'hui, une heure après l'annonce‑radio d'un sinistre aux antipodes, dix familles nous téléphonent des offres de secours.

Ces liens nouveaux sont un aspect d'un amour humain agrandi. Vous voyez du communisme partout, cher baron, mais j'imagine que saint Paul jubilerait de cette prédisposition de ce monde à la charité du Christ. Cet éveil du monde aux dimensions de la famille humaine, quel Christophe Colomb se lèvera pour le baptiser et lui donner le Christ qu'il cherche inconsciemment dans sa nuit !

Il dépend de l'Église, donc de chacun, que cet amour soit christianisé. C'est une divine occasion pour une charité sans oeillères. C'est plus frêle d'aspect qu'une bombe atomique. Mais « nous, nous croyons à la charité », disait l'apôtre Jean, évangéliste.

Mgr J. RODHAIN,

Secrétaire général du SECOURS CATHOLIQUE.