Foi et Charité : les deux colonnes de l’évangélisation
La charité dont parle ici Benoît XVI, est "le feu intelligent", et la vérité de l’amour. Aussi cette charité, colonne de l’évangélisation, sans cesse revigorée dans la foi, est à comprendre dans toute son ampleur et toutes ses manifestations sociales.
Benoît XVI, à l’ouverture du Synode sur la nouvelle évangélisation, le 8 octobre 2012.
« Confessio » est la première colonne — pour ainsi dire — de l’évangélisation et la seconde est « caritas ». La « confessio » n’est pas une chose abstraite, elle est « caritas », elle est amour. Seulement ainsi, elle est le reflet de la vérité divine qui, en tant que vérité, est également inséparablement amour. Le texte [Romains 10] décrit, à l’aide de mots très forts, cet amour : c’est l’ardeur, c’est la flamme, elle allume les autres. Il y a une passion qui est nôtre, qui doit grandir de la foi, qui doit se transformer en feu de la charité. Jésus nous a dit : « Je suis venu jeter un feu sur la terre et qu’ai-je à désirer s’il est déjà allumé ? ». Origène nous a transmis une parole du Seigneur : « Celui qui est près de moi est près du feu ». Le chrétien ne doit pas être tiède. L’Apocalypse nous dit que là est le plus grand danger du chrétien : qu’il ne dise pas non mais un oui très tiède. Cette tiédeur discrédite justement le christianisme. La foi doit devenir en nous une flamme de l’amour, une flamme qui allume réellement mon être, devient une grande passion de mon être, et allume ainsi mon prochain. Ceci est le mode de l’évangélisation : « Accendat ardor proximos », que la vérité devienne en moi charité et que la charité allume comme le fait aussi le feu de l’autre. Seulement dans cette action d’allumer l’autre à travers la flamme de notre charité, croît réellement l’évangélisation, la présence de l’Évangile, qui n’est plus seulement parole mais réalité vécue.
Saint Luc nous raconte que dans la Pentecôte, dans cette fondation de l’Église de Dieu, l’Esprit Saint était le feu qui a transformé le monde, mais un feu en forme de langue, à savoir un feu qui est toutefois raisonnable, qui est esprit, qui est aussi compréhension ; un feu qui est uni à la pensée, à la « mens ». Et justement ce feu intelligent, cette « sobria ebrietas », est une caractéristique du christianisme. Nous savons que le feu est au début de la culture humaine ; le feu est lumière, chaleur, force de transformation. La culture humaine commence au moment où l’homme a le pouvoir de créer le feu : avec le feu il peut détruire mais avec le feu il peut transformer, rénover. Le feu de Dieu est le feu transformant, le feu de la passion — certainement — qui détruit même beaucoup en nous, qui porte à Dieu, mais un feu surtout qui transforme, qui rénove et créé une nouveauté de l’homme, qui devient lumière en Dieu.