Le pape François aux personnes accueillies par la Caritas d’Assise
Vendredi 4 octobre, à Assise, François rencontre les personnes accueillies par la Caritas, et prononce une allocution spontanée.
Mon frère évêque vient de dire que c’est la première fois qu’un pape vient ici et ces derniers jours, sur les journaux, on a un petit peu fait des fantaisies : « est-ce que le pape ira dépouiller l’Église ? » « De quoi dépouillera-t-il l’Église ? » « De quoi dépouillera-t-il les évêques, les cardinaux ? ; se dépouillera-t-il lui-même ? » C’est une bonne occasion pour inviter l’Église à se dépouiller. Mais l’Église, c’est nous tous. Des premiers baptisés, nous tous nous sommes l’Église et nous devons prendre le chemin de Jésus. Il a fait un chemin de dépouillement lui-même. Il est devenu serviteur, il a voulu être humilié jusqu’à la croix. Et si nous voulons être des chrétiens, il n’y a pas d’autre chemin. On ne peut pas faire un christianisme un petit plus humain, sans la croix, sans Jésus, sans dépouillement. Sinon on deviendrait des chrétiens de pâtisserie, on pourra faire de très belle choses, un petit peu sucrées, mais pas des vrais chrétiens. Quelques-uns pourraient dire : « mais de quoi doit se dépouiller l’Église ? ». Elle doit se dépouiller d’un danger énorme, qui menace ! Le danger de la mondanité. Le chrétien ne peut pas cohabiter avec l’esprit du monde. La mondanité qui nous conduit à la vanité, à la puissance, à l’orgueil : c’est une idole, ça n’est pas Dieu ; l’idolâtrie, c’est le péché le plus fort.
Lorsque, dans les médias, on parle de l’Église, ils pensent que l’Église c’est les prêtres, les religieux, le pape, les cardinaux, mais l’Église c’est nous tous, et nous devons nous dépouiller de cette mondanité, qui est un esprit contraire à celui des béatitudes, à celui de Jésus. La mondanité nous fait du mal, c’est triste de voir un chrétien mondain : il est sûr - selon lui - de cette sécurité que lui donne la foi et sûr de la sécurité que lui donne le monde. On ne peut pas travailler dans les deux camps. L’Église, nous tous, devons nous dépouiller de la mondanité, qui porte à la vanité, à l’orgueil, qui est l’idolâtrie.
Jésus lui-même nous dit : « On ne peut pas servir deux maîtres : ou on sert Dieu ou on sert l’argent » (Mt 6, 24). Dans l’argent, il y a tout cet esprit mondain ; argent, vanité, orgueil, quelle route… nous ne pouvons pas… c’est triste d’effacer d’une main ce que nous écrivons de l’autre. L’Évangile est l’Évangile ! Dieu est unique ! Et Jésus s’est fait serviteur pour nous et l’esprit du monde n’entre pas ici. Aujourd’hui, je suis ici avec vous. Beaucoup d’entre vous ont été dépouillés par ce monde sauvage qui ne donne pas de travail, qui n’aide pas, un monde qui ne s’inquiète pas de savoir s’il y a des enfants qui meurent de faim dans le monde, si des familles n’ont pas de quoi manger, n’ont pas de dignité, ont faim. Ce monde ne s’intéresse pas à ces personnes qui doivent fuir l’esclavage, la famine, fuir en cherchant la liberté. Et quelle douleur quand nous voyons que cela amène la mort comme c’est arrivé hier à Lampedusa : aujourd’hui est un jour de pleurs ! Ce sont ces choses que fait l’esprit du monde. C’est proprement ridicule qu’un chrétien - un vrai chrétien -, qu’un prêtre, qu’une sœur, qu’un évêque, qu’un cardinal, qu’un pape veuillent aller sur la route de cette mondanité, qui est une attitude homicide. La mondanité spirituelle tue ! Elle tue l’âme ! Elle tue les personnes ! Elle tue l’Église !
Quand François, qui a fait ce geste de se dépouiller, était un jeune garçon, il n’en avait pas la force. C’est la force de Dieu qui l’a poussé à faire cela, la force de Dieu qui voulait nous rappeler ce que Jésus nous disait sur l’esprit du monde, qu’il a prié le Père, pour que le Père nous sauve de l’esprit du monde.
Aujourd’hui, ici, appelons la grâce pour tous les chrétiens. Que le Seigneur nous donne à tous le courage de nous dépouiller, mais pas de 20 lires, nous dépouiller de l’esprit du monde, qui est la lèpre, la gangrène de la société ! C’est la gangrène de la révélation de Dieu ! L’esprit du monde est l’ennemi de Jésus ! Je demande au Seigneur, qu’à nous tous, il donne cette grâce de nous dépouiller. Merci !